Sans ses cinémas, ses couples assis en terrasses des cafés et autres galeries d'art, Paris sombre peu à peu dans d'obscurité. Pour lui redonner des couleurs, Mika et sa soeur Paloma ont élaboré un beau projet. Afin de remplacer ces espaces d'affichage dénués de posters de pièces de théâtre ou de spectacle, ils ont recruté plusieurs artistes chargés d'habiller Paris pendant quelques semaines avec des oeuvres inédites.
Grâce à la collaboration de l'afficheur JCDecaux, la ville de Paris et d'Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts Décoratifs, 9 artistes voient leurs oeuvres affichées dans la Capitale. Véritable chef d'orchestre de ce projet dans l'air du temps, Mika s'est prêté au jeu et a même co-signé une oeuvre avec son autre soeur, l'artiste Yasmine Penniman. Tous ont mis leur créativité au service de Paris en interprétant leur version des affiches de la Belle Époque comme a pu le faire Mucha ou encore Toulouse-Lautrec.
Ainsi, ils ont été chargés de réaliser plusieurs formats de leur créations : pour les fameuses colonnes Morris mais aussi pour les espaces d'affichages et des mâts drapeaux. Parmi les artistes qu'on pourra découvrir aux quatre coins de Paris, on retrouve Aurélia Durand, Laurindo Feliciano, Ugo Gattoni, Annick Kamang, Marie Mohanna, Lamia Ziade, Alexandre Benjamin Navet, Lamarche-Ovize, Rosa Maria Unda Souk mais aussi Yasmine Penniman et Mika.
Se filmant depuis son atelier, Mika a détaillé les origines de ce projet haut en couleurs. "J'étais en train de marcher dans les rues de Paris, il pleuvait et autour de moi j'ai vu des affiches pour des films qui ne sont pas sortis, pour des expos qui sont fermées et dans un sens, ça soulignait encore plus notre vie suspendue. Là, je me suis dit 'Pourquoi ne pas transformer ces affiches et y ajouter un petit peu de couleur ?' Mettre des dessins partout, comme si c'était une sorte d'expo", raconte le chanteur libanais, qui a obtenu "plus de 600 affichages" en région parisienne pour ces belles créations, et pour la première semaine c'est plus de 2500 espaces en tout que ces oeuvres couvriront.
"Avec l'aide de ma soeur Paloma, on a cherché partout", poursuit Mika, qui voulait des artistes internationaux comme locaux qui se retrouvaient autour du même atelier : Paris. "Je voulais une réponse à ce qu'on est en train de vivre", affirme-t-il.
Chaque artiste a donc pu décliner son oeuvre sous différents calibrages. Un exercice aussi singulier que créatif. Si Mika et sa soeur Yasmine ont choisi de représenter "une danse célébrant le printemps" faite de six hommes inspirés du chanteur, d'autres ont rendu hommage à "l'envie de se retrouver ensemble bientôt" avec une terrasse de café ensoleillée, à l'image du parisien Alexandre Benjamin Navet.
Pour l'artiste camerounaise Annick Kamgang, cette carte blanche a été l'occasion de rendre hommage à son père, disparu brutalement en 2020. Une année "marquée par l'histoire que mon père m'a transmise sur la décolonisation du Cameroun qui n'est racontée dans aucun manuel scolaire et à laquelle mon père a participé enfant, quand le pays était sous administration française".
Ce qui fait la force de cette exposition pas comme les autres, ce sont les histoires qui réunissent ces artistes. "Il y a énormément de couleurs, oui, mais il y a énormément d'émotion. Chaque personne raconte quelque chose de différent, mais c'est intime", souligne Mika. Des touches d'émotion a découvrir prochainement dans les rues de Paris.