Ce mardi 17 janvier 2012, The Greatest fête ses 70 ans. Mohamed Ali, également connu sous le nom de Cassius Clay ou Muhammad Ali, est probablement le plus grand boxeur de tous les temps. La légende vivante des poids-lourds qui régna des années durant sur la catégorie reine est toujours debout face à son plus terrible adversaire, la maladie de Parkinson, comme il l'a montré en ce jour anniversaire dans sa ville natale de Louisville.
Diminué et handicapé par une maladie qui cherche à le mettre KO depuis 1984, Mohamed Ali n'est malheureusement plus que l'ombre de lui-même. Mais l'aura du boxeur demeure. Ses fans ont ainsi pu le voir le 14 novembre 2011 pour l'enterrement de son meilleur ennemi, Joe Frazier, premier boxeur à avoir réussi à mettre The Champ au tapis et à le vaincre, et qui restera lui aussi dans l'histoire pour avoir disputé plusieurs combats mythiques face à Ali. Un hommage où, malgré la douleur, les blocages musculaires et les paralysies partielles, Mohamed Ali se sera levé d'un coup, applaudissant la dépouille de Joe Frazier à la demande du révérend Jesse Jackson. Un effort qui lui coûtera cher, puisqu'il sera hospitalisé quelques jours plus tard après avoir été retrouvé inconscient par sa femme Lonnie.
Mais qui était Mohamed Ali en dehors du ring ? Le showman qui avait l'habitude de charmer les journalistes, de jouer avec les nerfs de ses adversaires, ce boxeur sûr de lui et parfois condescendant ?
La magie du père de famille
Plutôt un père de famille comme les autres, confie à l'Équipe Mag l'une de ses sept filles, Rasheda Ali, aujourd'hui très impliquée dans la lutte contre la maladie de Parkinson. "Il sortait une grande boîte où il entassait du matériel de prestidigitation et nous apprenait des tours de magie. Sinon, on pouvait passer du temps à regarder des films et à se marrer. Après coup, on discutait de ce qu'on avait vu. Il nous racontait aussi des histoires de son enfance, il était plus comme un grand frère. Je pouvais lui demander des conseils, parler librement", confie-t-elle.
Du fait des absences régulières de son père, chaque moment d'intimité est savouré et d'une intensité extrême. Car Rasheda et ses soeurs ont rapidement compris que leur père ne leur appartenait pas totalement... "J'ai réalisé très tôt sa notoriété, qu'il était admiré dans le monde entier et qu'il ne nous appartenait pas complètement. (...) J'ai surtout été élevée par mes grands-parents maternels, même si on voyait notre père régulièrement. Chaque fois qu'on allait lui rendre visite, c'était des moments enfiévrés, il était toujours très sollicité, les gens le tiraient de toutes parts. On a appris à faire avec. On n'avait pas le choix", poursuit-elle. Une situation qui semble plaire à Mohamed Ali, qui "avait besoin d'interaction". "Notre père adore le contact humain, explique-t-elle. C'est sa nature profonde. Il voulait toujours provoquer une réaction chez ses interlocuteurs."
Un modèle au courage exceptionnel
Malgré la maladie, Mohamed Ali reste aujourd'hui un exemple pour beaucoup de personnes, et notamment ceux qui souffrent de Parkinson. "Il avait ce don inné pour motiver et inspirer les êtres. Il a toujours cette dimension et ce désir ancré profondément en lui. Simplement, aujourd'hui, il le fait de manière différente", raconte Rasheda Ali. L'image du boxeur, tremblant et allumant la flamme olympique en 1996 à Atlanta restera comme l'une des images les plus fortes de l'olympisme : "Lui, l'invincible, lui qui s'est dressé face au gouvernement (en refusant de se battre durant la guerre du Vietnam) était atteint de la maladie de Parkinson. Le voir, lui, ainsi, a sorti des patients de leur accablement. Ça les a aidés à se dresser. Beaucoup lui ont écrit. Et le fait d'avoir contribué à inspirer ces gens à énormément aidé notre père."
Et le fait est que le champion n'a jamais baissé les bras, faisant ainsi preuve d'une force de caractère unique et voyageant à travers le monde pour encourager les malades. "Quand je vois mon père, ce que je vois, c'est du courage. Pas de l'accablement. Cette maladie a renforcé notre relation, a rassemblé sa famille autour de lui. (...) Il n'arrête pas de voyager et il a toujours cette flamme qui brûle en lui, ce truc qui le démange de décrocher des sourires sur le visage des gens qu'il croise", raconte cette mère de famille, qui explique ensuite comment son père "ne s'est pas arrêté de vivre", une chose capitale.
Mohamed Ali reste un grand champion, une personnalité unique et inoubliable qui continue à inspirer de nombreuses personnes à travers le monde. Mais pour sa famille, Mohamed Ali demeure ce père de famille aimant et proche de ses enfants : "Certains pensent au grand champion, d'autres à son activisme politique ou humanitaire, à son humour ou à son charisme d'acteur shakespearien. Pour moi, c'est juste 'papa'."