Alors que le coup de sifflet retentit, signifiant la défaite du XV tricolore en finale de la Coupe du monde de rugby, il se tient droit, le regard hagard.
Pourtant, Thierry Dusautoir, capitaine courage d'une équipe qui aura fait trembler tout un peuple et ses All Blacks, peut être fier. Fier de ses troupes et de sa prestation saluée unanimement à travers le monde.
Car oui, n'ayons pas peur des mots, la France méritait de soulever le trophée Webb Ellis après son match extraordinaire de courage et d'abnégation, où chacun aura joué avec son coeur et ses tripes, déjouant tous les pronostics qui lui promettaient une déculottée après ses prestations calamiteuses en phase de poule, face aux mêmes Néo-Zélandais, puis face aux Tonga.
Une juste récompense
Mais alors que plus personne n'attendait le XV de France, un homme s'est levé dans la tempête, une voix s'est fait entendre, rassemblant et mobilisant autour de lui des joueurs qui semblaient abattus, en proie à une incapacité à développer leur jeu et à se surpasser dans les moments difficiles. Cet homme, c'est Thierry Dusautoir, élu lundi 24 octobre Joueur de l'année par le jury de l'International Rugby Board composé de joueurs internationaux entrés dans la légende et totalisant plus de 500 sélections. L'Australien John Eales, le Sud-Africain François Pienaar, le Français Raphaël Ibanez, l'Écossais Gavin Hastings, l'Anglais Will Greenwood, le Gallois Scott Quinell, l'Irlandais Paul Wallace, l'Argentin Augustin Pichot et le Néo-Zélandais Tana Umaga ont donc récompensé un homme aussi discret que taciturne au nez et à la barbe des All Blacks Jerome Kaino, Piri Weepu, Ma'a Nonu et des Australiens David Pocock et Will Genia, les autres joueurs cités.
Cette récompense célèbre une saison exceptionnelle de "ce fantastique leader" salué par tous les observateurs, presse étrangère en tête. Thierry Dusautoir, surnommé le Black Destroyer suite à ses performances hors norme lors du quart de finale de la Coupe du monde 2007 face à ces mêmes All Blacks où il inscrit un essai et dégoûte à lui seul l'attaque néo-zélandaise avec 29 plaquages réussis, apparaît alors comme un véritable guerrier, une redoutable machine à plaquer.
Cet homme de "peu de mots" au charisme indéniable aura su mener ses joueurs à un petit point de la victoire en finale de cette coupe du monde, inscrivant un essai et étant élu homme du match, lui qui avait remis le XV de France dans le sens de la marche en prenant la parole devant le groupe suite à la débâcle face aux Tonga en phase de poule.
L'hommage de ses pairs
Félicité par ses coéquipiers, qui lui ont fait une haie d'honneur lors de la remise du trophée, le natif d'Abidjan ne récolte que le fruit d'un travail de l'ombre impressionnant, reconnu par tous les spécialistes. "Nous sommes plusieurs à être très fiers d'avoir été dirigé par un homme comme lui. On est fiers pour lui. Il le mérite depuis pas mal d'années, ce n'est que justice que l'ensemble du rugby international le récompense. Il a fait beaucoup pour le groupe. Quand on est en finale de Coupe du monde et vu sa prestation, c'est logique que Thierry soit récompensé", confie Vincent Clerc, auteur de 6 essais durant la compétition. Son entraîneur à Toulouse ne tarit pas non plus d'éloges sur le joueur aux 49 sélections : "Il n'a pas besoin de longs discours pour vous montrer la voie car il suffit de le regarder faire." Cet ingénieur en chimie des matériaux qui fêtera ses 30 ans dans trois semaines "inspire le plus grand respect", toujours selon Guy Novès.
Après avoir rendu hommage aux All Blacks et à son capitaine Richie McCaw, Thierry Dusautoir s'est adressé à ses partenaires en se déclarant très ému de cette récompense qu'il n'attendait pas : "On aura en tête la défaite d'hier toute notre vie, mais on ne pouvait pas faire plus. C'est toute l'équipe qui est récompensée. Je pensais que c'était un All Black qui allait recevoir le trophée. Je suis d'autant plus heureux qu'on ait pensé à moi. Ce n'est pas rien. Sur l'ensemble des joueurs au monde, c'est moi qui suis choisi... Je n'ai pas de mots pour définir la fierté que je ressens."