"J'ai été très regardée dans ma vie, mais je ne suis pas sûre, au final, qu'on m'ait vraiment vue. Ce que j'aime, chez Emir [Kusturica], c'est que c'est quelqu'un qui voit" : à Paris Match en kiosques cette semaine, Monica Bellucci révélait - en plus de son corps intégralement nu, dans un shooting particulièrement sensuel - la nouvelle épiphanie qu'elle a vécue en tant qu'actrice avec le cinéaste serbe, devant et derrière la caméra, à l'occasion du tournage d'On the Milky Road. "Il m'a dit qu'il pensait avoir fait sortir de moi une énergie que je ne soupçonnais pas", confiait la madone de 51 ans en évoquant la "féminité très puissante, au sens archaïque du terme", de son personnage. Un personnage qui est entré en scène vendredi 9 septembre 2016 à Venise, où le film était présenté pour la première fois, en clôture de la compétition de la 73e Mostra qui s'achève ce samedi.
L'histoire d'amour impossible sur fond de guerre des Balkans portée à l'écran par les deux protagonistes a été précédée d'une histoire de glamour, lorsque la Bellissima a monté les marches du festival de cinéma vénitien avec ses partenaires, Emir Kusturica, réalisateur et acteur, et Sloboda Micalovic. Dans la lignée du photocall organisée quelques heures auparavant, Monica Bellucci a semblé veiller à ne pas éclipser son personnage, misant sur la sobriété teintée d'une sensualité seulement suggérée d'une robe longue en dentelle indigo. Beaucoup de retenue sur le tapis rouge, mais beaucoup de dévoilement sur grand écran : "C'est une magnifique histoire d'amour (...) entre deux êtres qui ont tout perdu et n'ont plus rien à perdre. Une histoire d'amour d'adultes. Avec de la violence, de la passion, de la poésie, quelque chose d'onirique", décrivait-elle à Paris Match. Et d'esquisser plus précisément celle qu'elle incarne : "Une femme dans la survie. Moitié italienne, moitié serbe, elle vit dans un camp de réfugiés et sera achetée par une Serbe qui veut la donner en mariage à son frère, qui rentre de la guerre. (...) Cette femme a tout vu, tout vécu, mais garde dans son coeur quelque chose d'enfantin qui lui permet d'être également capable de gestes extrêmes." Son irruption dans la vie de Kosta, qui est parvenu à rester en vie tout en traversant quotidiennement la ligne de front pour apporter à dos d'âne des bidons de lait aux combattants, va effectivement faire basculer leur vie.
La sensualité, la sexualité dans l'amour sont une question d'énergie avant d'être une question d'âge
Auprès de l'AFP, elle développe encore : "Je remercie Emir de m'avoir confié un rôle aussi complet, celui d'une femme douce, féminine, maternelle mais qui, lorsqu'elle est dans l'action, n'a pas de scrupules, souligne-t-elle. C'est un film qui dit que la sensualité, la sexualité dans l'amour sont une question d'énergie avant d'être une question d'âge, c'est un message d'espoir très beau." Un rôle très complet qui exigeait un fort engagement, impliquant aussi de se jeter sous des cascades d'eau froide, de parler serbe et de chanter : "Je voulais démontrer qu'elle pouvait pleurer, exprimer ouvertement des émotions, chose qu'elle ne fait pas souvent dans ses films. Je voulais la faire chanter aussi car cela donne des moments de grande sensualité", a indiqué Emir Kusturica, de dix ans son aîné.
A noter que s'il a choisi Monica en raison essentiellement de sa nationalité italienne, le réalisateur de l'inoubliable Le Temps des gitans a par ailleurs confié la musique balkanique d'On the Milky Road à son fils Stribor Kusturica. Au rayon des contributions, il convient enfin de citer l'oiseau, l'âne, le serpent et toutes les créatures de la nature, centrale, qui aident chaque jour Kosta à accomplir sa mission... au point d'être créditées dans le générique de fin.