Son sourire, large, lumineux, naturel, rappelait celui de la petite fiancée de l'Amérique, Julia Roberts. En 2001, Garry Marshall propulsait sous les feux de la rampe sa nouvelle muse, Anne Hathaway, 15 ans alors, dans Princesse malgré elle. Le film contait l'histoire de Mia Thermopolis, une jeune fille timide et discrète qui mène une existence paisible à San Francisco. Sa mère se passionne pour la peinture, tandis que son père, qu'elle a perdu de vue, exerce des fonctions diplomatiques en Europe. Un beau jour, la grand-mère de Mia, la très stricte Clarisse Renaldi, vient leur rendre visite. Originaire de Génovie, un petit royaume perdu quelque part sur le Vieux Continent, elle annonce à Mia qu'elle est l'unique héritière du trône. Avant d'être nommée princesse, celle-ci devra apprendre quelques règles de bonne conduite. Mais Mia n'a pas l'intention d'abandonner sa vie d'étudiante et ses amis pour devenir la souveraine d'un pays lointain, et ce malgré les pressions qu'exerce la vieille reine. Le film avait été un carton commercial et Anne Hathaway était devenue une star, que l'on a ensuite retrouvée Le Diable s'habille en Prada, Les Misérables (avec un Oscar à la clé) ou encore Alice au pays des Merveilles.
Mardi, Hollywood apprenait la mort de Garry Marshall, emporté par une pneumonie. Parmi les innombrables réactions, celle d'Anne Hathaway a forcément un goût particulier. "Le paradis devient encore plus drôle. Je t'aime, Garry. Merci pour tout", écrivait-elle dans un premier post Instagram, avant d'embrayer sur un deuxième, plus bouleversant, où l'on retrouve l'adolescente d'alors aux côtés du réalisateur et de Julie Andrews, fameuse reine de Princesse malgré elle. "Je n'ai pas pu dormir la nuit dernière. La lune était trop lumineuse et mon coeur trop empli d'un chagrin récent suite à la disparition de Garry, écrit-elle dans un long post où elle constate que le cinéaste est parti le soir d'une pleine lune. Si vous connaissez Garry, qu'il s'est éteint quand il y aurait dû y avoir de l'obscurité et qu'à la place, il y avait cette lumière pleine, rare, magique, c'est trop parfait pour être une coïncidence."
Gentil au-delà de la gentillesse
Elle poursuit en saluant un homme "généreux", "gentil au-delà de la gentillesse", un metteur en scène "doux et tellement drôle que vous auriez pu vous faire pipi dessus un peu", qui l'a traitée avec "grâce, patience, respect et toujours beaucoup d'amour" alors qu'Anne était alors "une enfant qui se pensait adulte". "Je suis tellement heureuse qu'il ait béni mon enfant qui était encore dans mon ventre la dernière fois que je l'ai vu", se souvient l'actrice qui a mis au monde son premier enfant il y a quelques semaines. Elle poursuit, avec une anecdote lourde de sens pour elle : "Avant de faire Princesse malgré elle, il m'a dit, 'tu ne sais pas si un film va faire un carton ou pas. La seule chose que tu peux contrôler, ce sont les souvenirs que tu crées en le tournant. Donc, créons quelques bons souvenirs'. Ce conseil a changé ma vie plus que le film. J'aimerais pouvoir dire que je le pratique parfaitement, mais je ne peux", écrit la jeune femme de 33 ans, qui n'hésite pas à se décrire sans filtre : "Garry aimait mes moments difficiles, et me pardonnait avant même que je m'excuse. Il n'était pas intéressé par le jugement ou le conflit. Il voulait justement s'amuser, rire et faire du bon boulot. Il était tellement, tellement intelligent et malin."
Qualifiant son mentor de "héros", Anne Hathaway s'avoue plus qu'admirative de la personne comme du combattant. "Garry : pour un gamin du Bronx avec des poumons faibles, t'as bien géré. Je suis heureuse de t'avoir connu. Je te remercierais jamais assez pour cette vie. Je vais tâcher de faire de mon mieux pour être juste comme toi. Je t'aime. Bon voyage, mon ami", conclut la comédienne, émouvante.
Plusieurs autres personnalités du monde d'Hollywood, et notamment des acteurs et actrices ayant tourné avec le réalisateur de Pretty Woman, se sont manifestées. Comme Kate Hudson, qui avait tourné avec lui dans Fashion Maman et Joyeuse Fête des Mères, et dont les parents (Kurt Russell et Goldie Hawn) avaient tourné dans Un couple à la mer en 1987. Le considérant comme "de la famille", la jolie comédienne a exprimé sa peine, contant une anecdote où, sur le tournage de Joyeuse Fête des Mères, le fils aîné de Kate, Ryder, lui rendait visite. Juste après une prise, Garry Marshall aurait déclaré, "le cercle de la vie est une chose étonnante n'est-ce pas ?" en écho au fait qu'il a dirigé les parents, puis la fille, et qu'il croise désormais le petit-fils. "A ce moment-là, il n'était pas mon metteur en scène, il était ma famille", écrit Kate Hudson, émue, avant de rendre hommage à un homme "loyal, merveilleux, gentil, généreux, drôle et profond".
Quant à Julia Roberts, première muse de Garry Marshall (Pretty Woman, Just Married), elle a publié trois posts via un compte Instagram dit officiel, où elle fait part de son immense chagrin avec des smileys...