C'est à 81 ans que l'académicien et touche-à-tout du show-business Jean-Loup Dabadie est mort dimanche 24 mai 2020, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris. A l'annonce de son décès, lié à une maladie sans lien avec le Covid-19, les hommages ont afflué.
"C'est un grand frère qui disparaît", a très vite réagi Julien Clerc auprès du Parisien. Le chanteur a également publié un hommage sur les réseaux sociaux. "Un compagnon de route s'en va... On a écrit des chansons, on a passé des vacances, on a partagé des dîners si souvent, on s'est parlé de nos enfants et de leurs mamans, on s'est raconté des histoires drôles - avec accents de préférence... On a beaucoup pleuré mais surtout on a beaucoup ri mon Jean-Loup", a-t-il écrit. Julien Clerc et Jean-Loup Dabadie avaient eu une collaboration fructueuse à partir des années 1970 et, ensemble, ils ont donné naissance aux chansons Le Coeur trop grand pour moi, Ma préférence, Femmes, je vous aime, Je suis mal ou encore Elle danse ailleurs...
Autre personnalité dévastée par cette disparition, Nicolas Bedos avait en plus un lien particulier avec Jean-Loup Dabadie. "Mon parrain bien-aimé qui s'en va, sans prévenir, en chantant... Notre poète du music-hall... Tant de chansons et tant de films et tant de larmes et tant de rires (...) Tu m'as tellement appris... Putain de temps ! Bravo, bravo. Je t'aime", a-t-il lui aussi écrit sur les réseaux sociaux. L'artiste récemment césarisé n'a pas manqué de rappeler que Jean-Loup Dabadie avait travaillé avec son père Guy Bedos dès les années 1960 pour créer divers sketchs comme Bonne fête Paulette ou Le boxeur.
A l'annonce de sa mort, son agent Bertrand de Labbey avait déclaré à l'AFP : "C'était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos, la chanson avec Polnareff et Julien Clerc et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur." Alors, bien sûr, toute une partie du monde de la culture pleure la mort de celui qui était écrivain - il avait publié un premier roman à seulement 19 ans ! -, un parolier derrière une centaines de chansons ainsi que le scénariste de films cultes des années 60-80 mais également un académicien depuis 2009.
"La France perd un auteur aux mille talents, inclassable et populaire. Les mots de Jean-Loup Dabadie exprimaient avec évidence et justesse nos sentiments jusqu'à accompagner chaque moment de nos vies", a tweeté le ministre de la Culture Franck Riester. Son prédécesseur, Jack Lang, voit en cet "écrivain, parolier, journaliste, scénariste, dialoguiste" un "alchimiste des mots qui dansent", "transformant les paroles en mélodies".
"Les Français perdent le plus brillant, multi talentueux, subtil orfèvre du mot" et "je perds mon plus vieil ami", a souligné Philippe Labro, qui le connaissait depuis le lycée. Pour Mireille Mathieu, c'est un "fabuleux auteur, scénariste, grande plume de la variété française" qui "mérite son étoile au Paradis, lui qui a écrit les plus belles pages des choses de la vie". "Quelques jours après Michel Piccoli, un autre complice de Claude Sautet s'en va", note Patrick Bruel, en le remerciant pour "ces répliques qui ont si souvent guidé nos vies".
Le monde du cinéma aussi a pris la parole pour rendre hommage à Jean-Loup Dabadie. Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, a souligné la place occupée dans une période fructueuse du cinéma français par le couple Sautet-Dabadie : "Dabadie a comblé le public du cinéma français des années 70/80 : les femmes (Romy), les mecs, les bistrots, les bagnoles, les week-ends. Jean-Loup adoucissait le pessimisme de Claude par un moelleux d'écriture et le charme délicieux d'un homme doué pour le bonheur." "Tant de talent à dire les émotions vraies...", a salué Pierre Lescure, l'actuel président du Festival.
Il avait notamment signé le scénario de films marquants de Claude Sautet dont César et Rosalie et Les choses de la vie. Jean-Loup Dabadie venait de terminer l'adaptation pour le cinéma d'un roman de Georges Simenon, Les volets verts, dont le premier rôle devait être tenu par Gérard Depardieu.