Personne n'a oublié la tragédie de Vilnius dans laquelle, sous les coups de son compagnon, l'actrice Marie Trintignant est morte. Sur son compte Instagram, Carla Bruni-Sarkozy lui rend un hommage de circonstance alors que les féminicides augmentent en France.
Mercredi 31 juillet 2019, la chanteuse et ancien top model a publié quelques photos de Marie Trintignant accompagné de ces mots : "Il y a exactement seize ans et un jour [en réalité le 1er août 2003, après une opération de la dernière chance, NDLR] mourait sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, la belle et talentueuse actrice Marie Trintignant, mère de 4 enfants. Une femme meurt tous les 3 jours de violences conjugales." Fille de Nadine et Jean-Louis Trintignant, Marie n'avait que 41 ans. Actrice brillante, elle est la mère de quatre enfants : Roman, né en 1986 de Richard Kolinka, Paul, né en 1993 de François Cluzet, Léon, né en 1996 de Mathias Othnin-Girard, et enfin Jules né en 1998 de Samuel Benchetrit. Roman et Jules sont eux aussi acteurs.
Si Carla Bruni rappelle qu'une femme succombe tous les trois jours à des violences conjugales, c'est que la situation depuis de le début de l'année est alarmante. Le 6 juillet, Le Monde rappelait que 79 femmes avaient déjà été tuées en 2019 – en ce 1er août, elles sont au moins 81. Ce samedi-là de juillet, 2000 personnes se sont réunies place de la République à Paris pour interpeller l'opinion publique et le gouvernement. Mot d'ordre : "Mettre fin au massacre." Dans ce rassemblement, des personnalités comme la chanteuse Yael Naim, l'actrice et productrice Julie Gayet et bien sûr Muriel Robin, très engagée sur cette question. La comédienne a appelé les personnes rassemblées à observer "74 secondes de bruit et de colère" en hommage aux femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l'année. Interpellant le président Emmanuel Macron, Muriel Robin ne cache pas sa colère face à l'urgence : "Vous avez parlé de cause nationale : où en êtes-vous ? Combien coûte la vie d'une femme ? Je veux une réponse."
Depuis sa mort, Marie Trintignant est un symbole des violences conjugales. Chaque réapparition médiatique de son meurtrier, condamné à huit ans d'emprisonnement mais libéré après avoir purgé la moitié de sa peine, provoque la colère de ses proches, de nombreuses militantes et d'anonymes. François Cluzet et Samuel Benchetrit ne laissent rien passer, comme la couverture des Inrockuptibles avec Cantat en octobre 2017 : il s'agit de défendre la mémoire de Marie mais aussi de protéger leurs fils.
Le 6 juillet 2019, un tweet et un post sur Facebook du président Macron égrenait le nom des victimes suivi de cet aveu : "Mesdames, la République n'a pas su vous protéger." Et Emmanuel Macron d'ajouter : "Des solutions existent déjà, il faut les faire connaître, et les utiliser au moindre doute. Si vous êtes victime de violence, si vous savez que l'une de vos proches est victime de violence, ne fermez pas les yeux, élevez la voix." L'époux de Brigitte Macron rappelait alors le numéro d'écoute national d'urgence 3919 "destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés". Appel anonyme et gratuit 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés. Pour beaucoup, ce n'est pas suffisant pour protéger les victimes.