Alors que tout semblait rentrer dans l'ordre pour le docteur Conrad Murray, que l'on imaginait déjà potentiellement disculpé grâce au témoignage du docteur Paul White, spécialiste éminent du propofol, le puissant anesthésiant qui aurait tué Michael Jackson, ça va mal. Conrad Murray est accusé d'homicide involontaire sur son illustre patient, décédé le 25 juin 2009.
Paul White, qui avait pourtant tout fait pour soutenir son confrère, a subi lundi 31 octobre un contre-interrogatoire musclé, et peu à peu fut contraint de reconnaître les erreurs de Conrad Murray.
Devant la Cour Supérieure de Los Angeles, le témoin-clé de la défense a reconnu que Murray "aurait dû appeler les urgences plus tôt". C'est en réalité grâce au contre-interrogatoire finement mené par le malin procureur Walgren, qui a demandé avec puissance à White de répondre avec précision et sans digression à ses questions, que le témoin a d'abord dû s'expliquer sur les "manquements" dans les soins apportés par Conrad Murray à Michael Jackson le jour de sa mort.
On rappelle que le roi de la pop est mort brutalement d'une surdose médicamenteuse, causée par le propofol, que lui administrait depuis des mois le docteur Murray.
Paul White, convaincu que le chanteur s'est auto-injecté une dose mortelle de l'anesthésiant et a avalé huit comprimés du sédatif lorazepam en l'absence de son médecin, a malgré tout été forcé de répondre clairement et sans ambivalence à certaines questions :
"Êtes-vous d'accord pour dire qu'il y a des moments où le docteur Murray s'est écarté des standards de soins, le 25 juin 2009 ?"
"Oui."
"Pouvez-vous justifier le fait que Conrad Murray n'ait pas appelé plus tôt les urgences ?"
"Je ne peux pas."
"Auriez-vous accepté de donner du propofol à Michael Jackson chaque nuit pendant les deux mois ayant précédé sa mort, à sa demande, comme le docteur Murray a reconnu l'avoir fait ?"
"Je ne l'aurais même pas envisagé."
Paul White a été piégé. Le procureur Walgren a également évoqué la rémunération de ce témoin par la défense, à hauteur de 11 000 dollars, et qu'il attendait même "un complément". En précisant bien sûr au passage que le témoin-clé du parquet, le docteur Steven Shafer, lui aussi expert du propofol, avait déclaré qu'il témoignait à titre gracieux.
Les tensions entre le procureur Walgren, qui reprochait à Paul White de "ressortir des phrases toutes prêtes", et le témoin ont provoqué une interruption de séance. Furieux, Walgren a reproché au témoin de faire référence à des entretiens qu'il avait eus avec le docteur Murray, pourtant écartés du procès. Le juge, furieux lui aussi, lui a donné raison et a sommé le Dr White de ne plus faire référence à ces entretiens.Pour finir cette journée, et avant la dernière de la défense mardi, le procureur Walgren a tenté de discréditer les théories du docteur White sur la mort de la star, notamment l'ingestion de lorazepam, en relevant des erreurs de chiffres dans ses graphiques, que l'expert n'avait pas relevées. En fin de journée, la défense a annoncé qu'elle appellerait mardi (aujourd'hui) un témoin supplémentaire : l'experte qui a créé les graphiques du docteur White.
Et puis tout le monde attend que le docteur Murray s'exprime enfin. Le juge Pastor l'y a autorisé, mais Conrad Murray a déclaré lundi au juge de l'affaire qu'il n'avait pas encore décidé s'il comptait témoigner ou non à son procès. "J'ai encore besoin de temps, je n'ai pas pris ma décision. Cela dépendra de la suite du procès." C'est certainement aujourd'hui mardi qu'il se décidera.
Rappelons qu'il risque quatre ans de prison.