C'est bientôt la fin, la fin de six semaines de débats. La fin du procès du docteur Conrad Murray, jugé pour homicide involontaire sur son illustre patient Michael Jackson. Le chanteur est mort le 25 juin 2009 d'une overdose de propofol, le puissant anesthésiant que le docteur Murray lui administrait pour dormir. C'est pour ces faits de négligences en particulier que le cardiologue de 58 ans, Murray, est accusé devant la Cour Supérieure de Los Angeles.
Hier jeudi 3 novembre ont eu lieu le réquisitoire du parquet et la plaidoirie de la défense.
Le juge a donné des instructions au jury, avant que ce dernier, composé de sept hommes et cinq femmes, se retire pour délibérer : "Il revient à vous et seulement à vous de décider ce qui s'est passé. L'accusé est présumé innocent, rien de ce que disent les avocats ou le procureur ne constitue une preuve. Seules les réponses des témoins sont des preuves."
Voilà ce qu'a dit le juge Michael Pastor en ouvrant le dernier acte du procès en présence de plusieurs membres de la famille de Michael Jackson. Ses parents Joe et Katherine étaient là en compagnie de sa soeur LaToya et de son frère Randy.
Également important, le chef d'accusation d'homicide involontaire sur lequel les jurés vont devoir se prononcer. "L'accusé a procédé à un acte légal mais avec une négligence criminelle", et "l'accusé a manqué, en raison d'une négligence criminelle, à une obligation légale".
Ainsi Conrad Murray, qui n'aura pas dit un mot durant tout ce procès, préférant garder le silence, risque-t-il quatre ans de prison pour ces accusations. La décision repose uniquement sur le jury.
Très clairement, c'est le fait qu'il ait administré la dose mortelle de propofol à MJ d'une part qui est mis en accusation, ça c'est "l'acte légal" de la première allégation. "L'obligation légale" de la seconde allégation fait quant à elle référence à la responsabilité légale du médecin de "traiter et prendre soin de son patient". Là encore, le parquet estime que ces soins ont été délivrés avec une "négligence criminelle".
En effet, les preuves contre Conrad Murray sont "accablantes", a lancé jeudi le procureur David Walgren lors de son réquisitoire. Il a martelé que "Conrad Murray a agi avec une négligence criminelle, que Conrad Murray a causé la mort de Michael Jackson. Que Conrad Murray a laissé Prince, Paris et Blanket sans père. Pour eux, ce dossier ne se termine pas aujourd'hui, ni demain, ni même le jour suivant. Pour les enfants de Michael Jackson, cette affaire ne se terminera jamais, parce qu'ils n'ont plus de père. Ils n'ont plus de père à cause des actes de Conrad Murray".
C'est effectivement sur les trois enfants de Michael Jackson que l'excellent procureur Walgren a mis l'accent lors de sa plaidoirie. Pour sensibiliser les jurés. Il a choisi de faire vibrer la corde sensible en faisant de nombreuses références à Paris, Prince et Blanket, les trois enfants du "roi de la pop", âgés respectivement de 13, 14 et 9 ans. MJ avait "des projets, des attentes et des rêves, comme nous tous. S'il s'était lancé de le projet colossal d'assurer 50 concerts à Londres pour son grand retour sur scène, c'est parce qu'il voulait que ses enfants voient à quoi il avait consacré sa vie : être créatif, être un interprète et un artiste. Nous savons que ses enfants étaient primordiaux à ses yeux", a-t-il ajouté. David Walgren ne s'est approché qu'à de rares reprises du jury, dont l'une pour rappeler que Paris s'était roulée en boule et avait crié "Papa !" en découvrant son père inerte dans sa chambre, pendant que Prince, "choqué", restait figé.
"La justice exige un verdict de culpabilité", a-t-il conclu.
Puis ce fut le tour de la défense de dévoiler sa plaidorie, lors de laquelle l'avocat Ed Chernoff a développé la théorie échafaudée pendant le procès, selon laquelle le chanteur se serait auto-injecté une dose supplémentaire, et mortelle, de propofol pendant que son médecin avait le dos tourné.
Ed Chernoff a affirmé que son client n'était pas poursuivi pour ce qu'il avait fait mais "pour les actes de Michael Jackson". Selon lui, son client Conrad Murray "pensait qu'il pourrait aider Michael Jackson, qu'il pourrait l'aider à le faire dormir. Il avait tort. Car le médecin n'avait pas le contrôle de la situation. Il n'était qu'un "petit poisson dans un grand étang aux eaux troubles".
A cran, le procureur Walgren a ironisé du tac au tac : "Pauvre Conrad Murray, tout le monde est contre lui ! Michael Jackson est mort et il faut s'apitoyer sur le pauvre Conrad Murray..." En sortant de la salle d'audience, le procureur a traversé le hall sous les applaudissements et les hourras des fans, qui venaient de former une haie d'honneur pour la famille Jackson.
Fin des plaidoiries, le jury s'est retiré pour délibérer, le verdict pourrait intervenir rapidement.