Le procès du docteur Conrad Murray continue à Los Angeles. Hier mercredi 5 octobre, le praticien, accusé d'homicide involontaire sur son patient Michael Jackson, a pu souffler un peu, car, après de nombreux témoignages en sa défaveur les jours précédents, ce fut un simple enregistrement audio qui fut diffusé devant l'assemblée de jurés et le juge Pastor.
Dans la salle d'audience de la Cour supérieure de Los Angeles s'est élevée la voix du roi de la pop, décédé le 25 juin 2009 d'une surdose médicamenteuse. L'enregistrement datant du 10 mai 2009, enregistré par le téléphone portable du docteur Conrad Murray, a prouvé combien Michael Jackson restait marqué par son enfance difficile, pourtant âgé de 50 ans, et combien il voulait faire le bien. Également, combien il était assommé par les médicaments...
Sa jeunesse sacrifiée d'enfant star, Michael Jackson l'évoque dans cet enregistrement, il rêvait quelque semaines avant sa mort de créer un hôpital pour enfants malades, grâce aux recettes de l'immense tournée qu'il préparait. Évoquant la série de 50 concerts qu'il devait donner à Londres, et qui devait marquer son grand retour sur scène, Michael Jackson déclare : "Il faut que ce soit phénoménal. Quand les gens sortiront du spectacle, je veux qu'ils disent : "Je n'ai jamais vu ça de ma vie, c'est extraordinaire. C'est le plus grand artiste du monde. Je veux créer un hôpital pour un million d'enfants, le plus grand du monde. Ce sera l'hôpital pour enfants Michael Jackson."
Dans la salle d'audience, c'est le silence. Le premier jour du procès, seul un petit passage de cet enregistrement avait été diffusé. Ce coup-ci tout le monde retient son souffle. Parmi les proches de Michael Jackson, seuls sont présents ses frères et soeurs Randy, Jermaine et Rebbie.
La voix d'outre-tombe, ralentie par l'effet des tranquillisants qu'il a ingurgités, résonne : "Il y aura un cinéma et une salle de jeux. Les enfants sont déprimés. Dans les hôpitaux, il n'y a ni cinéma ni salle de jeux. Les enfants sont malades parce qu'ils sont déprimés. Je vais faire cela pour eux. Et cela restera davantage dans les mémoires que mes concerts."
Puis lorsqu'il évoque son enfance gâchée, par un père tortionnaire, par une célébrité trop prenante et trop rapide, qui ne l'a d'ailleurs plus jamais lâché, l'émotion s'empare de tout le tribunal. "Mes concerts serviront à aider les enfants, c'est mon rêve. Je les aime... Je les aime parce qu'ils n'ont pas eu d'enfance. Je n'ai pas eu d'enfance. Je ressens leur peine. Je ressens leur douleur, et je peux m'en occuper."
Peu de temps après, Conrad Murray lui demande : "Ça va ?" Michael Jackson répond : "Je dors."
Hier matin, le témoignage de Stephen Marx, un expert qui a extrait les données (messages, textos, courriers électroniques) du téléphone portable de Conrad Murray, a fourni l'occasion au procureur David Walgren de présenter plusieurs messages ayant un rapport avec la santé de la star. Il est évoqué que la compagnie d'assurances britannique, qui devait prendre en charge financièrement la santé du chanteur pendant ses concerts londoniens, était "très inquiète" de son état physique. Elle voulait son historique médical mais le docteur Murray tardait à répondre. Les assurances s'inquiétaient d'informations alarmistes circulant dans la presse.
Le 25 juin 2009 au matin, le jour de la mort de Michael Jackson, un mail que Conrad Murray a envoyé à cette compagnie d'assurance vient semer le trouble. Le médecin répond à une énième demande en affirmant que le chanteur ne l'a pas autorisé à communiquer ses dossiers médicaux et que les assureurs devraient se tourner vers AEG, le promoteur du concert. Et il ajoute : "Quant aux articles sur sa santé publiés dans la presse, laissez-moi vous dire que pour ce que j'en sais, ils sont fallacieux." Le message est envoyé à 11H17.
Selon plusieurs témoignages entendus pendant le procès, Michael Jackson était probablement déjà mort à cette heure.
Hier après-midi, le procureur Walgren a exposé le contenu de trois sacs dans lesquels Conrad Murray avait rangé, après la mort de la star, des médicaments et du matériel médical qui se trouvaient près du lit. Une importante quantité de médicaments...
On rappelle que le docteur Murray risque jusqu'à quatre ans de prison.