Grand concepteur d'effets spéciaux et de trucages, père du stop motion (l'animation en volume pour son équivalent français) mais également producteur, Ray Harryhausen laisse de nombreux cinéastes et techniciens orphelins de leur mentor. Décédé ce 7 mai 2013 à l'âge de 92 ans, Raymond Frederick Harryhausen dit Ray Harryhausen aura durablement marqué le cinéma de sa patte. De Steven Spielberg à Edgar Wright en passant par Peter Jackson ou même James Cameron, nombreux sont les metteurs en scène à avoir été influencés par le travail de Ray Harryhausen.
Si ces hommes de l'ombre, des costumiers aux chefs opérateurs en passant par les créateurs visuels ou responsables des effets spéciaux, sont souvent méconnus du grand public, ce n'est pas le cas de Ray Harryhausen. Le décès de ce personnage central du spectacle au cinéma, multirécompensé (un Oscar d'honneur en 1992 ou une étoile sur le Walk of Fame en 2003) et objet de nombreux documentaires admiratifs, a été annoncé par sa famille sur le réseau social Facebook. Très vite, sa disparition a logiquement frappé le web où se sont multipliés des hommages non dénués d'émotion.
Avant que des artistes comme Steven Spielberg ne citent Harryhausen dans leurs références, le futur maître des effets spéciaux voit son chemin tout tracé lorsqu'il découvre les trucages de Willis O'Brien pour King Kong en 1933. Il était alors adolescent. Avant d'être le magicien que l'on connaît, Harryhausen bricole, fait des animaux préhistoriques une passion, dessine et conçoit même à l'aide de la pâte à modeler. Après la guerre pour laquelle il a intégré l'Army Signal Corp avec Frank Capra, Harryhausen est décidé à exploiter ses fantasmes dans le septième art. Son mentor, Willis O'Brien, l'engage pour être l'un de ses deux assistants sur le tournage de Monsieur Joe. Sa carrière sera lancée en 1953 où, avec Le Monstre des temps perdus (une créature gigantesque, endormie sous la glace depuis 100 millions d'années, se dirige vers les États-Unis), il se pose en talentueux créateur des effets visuels.
A partir de 1955, il signe sa première collaboration avec Charles Schneer, un producteur qui l'épaulera sur une douzaine de films. Ainsi du Monstre vient de la mer au Choc des Titans en 1981, Jason et les Argonautes en passant bien sûr par le passage à la couleur et la trilogie Sinbad, il signe autant de films qui passeront à la postérité par son travail visuel. Des créatures, souvent en miniatures, à l'animation servant aux effets spéciaux du film, son travail sera plébiscité pendant au moins deux décennies.
Plus rare dès le milieu des années 1980, Ray Harryhausen prend ses distances avec un cinéma qui développe de nouvelles technologies pour assurer le spectacle via ses effets visuels. Pour autant, Steven Spielberg (et son Jurassic Park), Tim Burton (et ses films d'animations comme Les Noces funèbres ou Frankenweenie) sans oublier Peter Jackson et la trilogie du Seigneur des Anneaux sont des hommages où les cinéastes ne cachent pas l'héritage laissé par Ray Harryhausen.