Myriam Lamare en a gros sur le coeur. Dévouée au rayonnement de Marseille depuis plus d'une décennie, l'ancienne championne du monde de boxe a pourtant été reconnue coupable d'avoir occupé un emploi fictif à la Mairie de la Cité phocéenne. Après avoir été dénoncée par les politiques, les mêmes pour lesquels elle s'était engagée.
Myriam Lamare avait déjà perdu son poste de conseillère régionale PS de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) en décembre dernier. L'ancienne boxeuse a été suspendue deux ans, sans salaire, par le conseil de discipline de la fonction publique territoriale des Bouches-du-Rhône, qui l'a reconnue coupable d'avoir occupé un emploi fictif durant onze ans.
Adjointe administrative à la Mairie de Marseille, la star du ring, qui un temps joua les nounous pour le fils de Charlize Theron, n'aurait pas travaillé un seul jour, à en croire le conseil de discipline. "Depuis avril 2004, elle était censée travailler à la mairie centrale dirigée par Jean-Claude Gaudin, qui l'a embauchée, mais personne ne l'a jamais rencontrée", affirme une source interne à la mairie.
"Les juges, qui sont des fonctionnaires, ont estimé qu'une radiation à vie de la fonction publique était une décision trop lourde pour quelqu'un qui a été payé à ne rien faire pendant onze ans", a confié une autre source, sous couvert d'anonymat.
Les politiques se servent des sportifs comme faire-valoir, puis s'en débarrassent quand ils n'en ont plus besoin
Pour autant, la décision est difficile à encaisser du côté de l'ancienne participante à Koh-Lanta. Dans un entretien à La Provence, la quadragénaire se dit "écoeurée" du monde de la politique, pour lequel elle s'était engagée. "Les politiques se servent des sportifs comme faire-valoir, puis s'en débarrassent quand ils n'en ont plus besoin", dit-elle ainsi.
Ses onze années d'emploi fictif ? "Il s'agissait d'une convention signée entre la Ville, la fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports. On permet ainsi à des sportifs de haut niveau d'entrer dans une entreprise ou une administration afin de soutenir leur carrière. C'est une forme de sponsoring. En retour, il était convenu que je participe à des actions médiatiques, en compagnie des élus, que je fasse des visites dans les centres aérés, les centres pour handicapés, les hôpitaux, que je participe à la bonne image de Marseille", explique-t-elle. Un statut qui rappelle un peu celui de Teddy Riner avec Levallois, pour lequel il s'était retrouvé cité dans un rapport de la Chambre régionale des comptes.
Mais en 2010, elle s'engage auprès du candidat PS aux régionales. Elle en informe la mairie, dirigé par Les Républicains, et entre en contact avec l'adjoint aux sports afin de discuter de son avenir : "La réponse a été claire. Il m'a dit que j'étais fonctionnaire municipale et que je n'avais rien à attendre de plus. Et que si je voulais partir en campagne avec la gauche, ce serait la guerre."
Placée en deuxième position sur la liste du candidat PS Michel Vauzelle, elle est finalement élue et se voit proposer la vice-présidence de la Jeunesse et des Sports, qu'elle refuse, "par respect pour la classe politique". Finalement en charge de la lutte contre les discriminations, "une délégation qui me tenait à coeur", Myriam Lamar verra tous ses soutiens la lâcher un par un. Pis, le monde du sport lui tournera le dos, lui reprochant des décisions qui ne venaient pas d'elle. "Mon association Absolute Box, qui était très active, a perdu tous ses soutiens, à la Ville et à la Région. Aujourd'hui, elle est en sommeil", explique-t-elle à La Provence.
"Les personnes qui m'incriminent aujourd'hui sont les mêmes qui, chaque année, m'ont remis le trophée des sports de la Ville... Aujourd'hui, je suis écoeurée. Et triste pour Marseille", conclut-elle, amère.