Nasser Al-Khelaïfi peut souffler et dormir tranquille.
Vendredi 30 octobre 2020, le patron de beIN et du PSG Nasser Al-Khelaïfi a été acquitté, tandis que l'ex-N.2 de la Fifa Jérôme Valcke a écopé d'une peine légère. Ce dernier devra toute fois verser 1,65 million d'euros au civil.
Jerôme Valcke et Nasser Al-Khelaïfi étaient accusés d'avoir conclu un pacte dans le dos de la Fifa, relevant de la "gestion déloyale" et passible de cinq ans de prison. Au terme de dix jours d'audience en septembre, le parquet avait requis 28 mois d'emprisonnement contre le patron de beIN et du Paris SG, 3 ans contre Jérôme Valcke et 30 mois contre un homme d'affaires grec, Dinos Deris, qui a été acquitté vendredi du chef de "corruption privée". Cette affaire venait s'ajouter à celle de corruption d'"attribution de droits médiatiques des Coupes du monde 2026 et 2030", que le président du PSG avait réglée à l'amiable en février dernier, après avoir été inculpé par la justice suisse.
Les trois magistrats du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone ont démonté dans leur jugement la quasi-totalité des charges, ne laissant subsister qu'une condamnation à 120 jours-amende avec sursis contre Jérôme Valcke, à 200 francs suisses par jour, dans une affaire sans lien avec M. Al-Khelaïfi.
"Les prévenus reçoivent un carton jaune, mais pas davantage", a conclu le président du tribunal, Stephan Zenger. Me Marc Bonnant, l'un des avocats de Nasser Al-Khelaïfi, s'est lui réjoui hors audience de la "déculottée" infligée au parquet dans ce dossier épineux.
Jérôme Valcke est néanmoins condamné à payer 1,65 million d'euros d'indemnités à la Fifa, dont 400.000 euros dans le principal dossier, ainsi que 80.000 francs suisses de frais de justice
"Après quatre années d'allégations sans fondement, d'accusations fictives et d'atteintes constantes à ma réputation, la justice m'a entièrement blanchi. Le verdict d'aujourd'hui est une véritable victoire", s'est réjoui dans un communiqué Nasser Al-Khelaïfi, dispensé vendredi de comparution par le tribunal.
Dans leur jugement, les trois magistrats ont pourtant estimé, tout comme l'accusation, que M. Valcke avait monnayé son soutien à beIN en échange d'une luxueuse villa sur la Côte d'Emeraude sarde, achetée pour lui 5 millions d'euros fin 2013 par une société brièvement détenue par Nasser Al-Khelaïfi. L'ancien secrétaire général de la Fifa avait sollicité l'aide du dirigeant qatari pour financer la "Villa Bianca", quelques mois avant la signature en avril 2014 d'un contrat entre beIN et l'instance du football portant sur les droits en Afrique du Nord et au Moyen-Orient des Mondiaux-2026 et 2030.
Balayant la thèse de la défense, le tribunal a jugé "difficile de croire" que l'arrangement autour de la Villa Bianca ait été "établi dans un cadre purement privé", voyant au contraire un lien avec les droits décrochés par beIN.
Au civil, ils ont d'ailleurs qualifié "de pot-de-vin ou d'arrangement corruptif" l'acompte pour la demeure remboursé par Nasser Al-Khelaïfi à Jérôme Valcke. Ils ont donc condamné ce dernier à le reverser à son ancien employeur.