Les obsèques de Jacques Vergès, mort jeudi dernier d'une crise cardiaque à 88 ans, se sont déroulées ce mardi 20 août à Paris. Et comme un énième pied-de-nez, le sulfureux "avocat du diable" a eu droit à une cérémonie très religieuse dans la petite église baroque du XVIIe siècle de Saint-Thomas-d'Aquin, dans le 7e arrondissement. Une cérémonie durant laquelle sa famille et ses proches se sont réunis, ainsi que de nombreuses personnalités du barreau.
"Trois ou quatre personnes qui m'aiment et qui m'enterrent. Et si des faux-culs de politiques me récupèrent, j'aimerais leur dire : 'Soyez un peu plus dignes'." Voilà comment Jacques Vergès avait imaginé ses obsèques dans les colonnes de Sud-Ouest en février dernier. Mais depuis l'au-delà, le célèbre avocat a dû être rassuré de n'y voir que des proches, à commencer par sa famille. Son frère Paul, sénateur du Parti communiste réunionnais, sa fille Meriem et son fils Liess sont ainsi venus lui dire adieu, tout comme "son amour", selon l'avis de décès, la marquise Marie-Christine de Solages. Une famille près de laquelle était posé le cercueil de chêne nu du défunt.
Ami de longue date de Jacques Vergès, le père Alain Maillard de La Morandais a salué sa mémoire. "Jacques, que j'appelais affectueusement 'l'avocat du diable', a eu le courage de ses passions, privées et publiques", a-t-il déclaré avant de faire référence à son amie Marie-Christine : "Il nous a quittés le soir de l'Assomption, alors qu'il était auprès d'une autre Marie." Dans l'église, une quarantaine d'avocats en robe avaient pris place, comme le sulfureux Karim Achoui, radié du barreau en 2012 pour "manquements déontologiques", ou encore Alex Ursulet. On retrouvait également l'ancien ministre socialiste et avocat Roland Dumas au premier rang avec sa famille.
D'autres personnalités politiques étaient là comme le chiraquien Michel Roussin, l'éminence grise de Pompidou Marie-France Garaud ainsi que d'autres visages connus comme Christophe Hondelatte, Jean-Claude Delarue, le père du défunt animateur, ou encore Hermine de Clermont-Tonnerre. Émouvante, Marie-Christine de Solages a qualifié Jacques Vergès, connu pour avoir défendu des "indéfendables" comme le criminel de guerre Klaus Barbie ou encore le dictateur Slobodan Milosevic, d'"aventurier de la tolérance sur les décombres de l'intolérable", de "Céline en toge" et d'"oracle de la justice des vaincus".
À la sortie de l'église, le cercueil de Jacques Vergès a été longuement applaudi tandis que des youyous étaient criés. En fin d'après-midi, l'"avocat du diable" a été inhumé au cimetière du Montparnasse dans le 14e arrondissement.