"Je ne suis pas triste parce que j'ai été irradiée de son amour pendant toute sa vie." Ce sont par ces mots, tout simplement bouleversants, qu'Héloïse d'Ormesson évoquait son père, jeudi soir, dans l'émission spéciale que lui a consacré La Grande Librairie sur France 5. Ce vendredi 9 décembre 2017, devant les Invalides, Jean d'Ormesson, mort dans la nuit de lundi à mardi d'une crise cardiaque à 92 ans, a reçu un hommage national présidé par Emmanuel Macron.
Différents des obsèques nationales qui relèvent d'un décret du président de la République et sont exclusivement à la charge de l'État, l'hommage national n'en demeure pas moins exceptionnel. L'été dernier, Simone Veil, survivante de la Shoah et personnalité politique de premier ordre, n'était que la troisième personnalité a en avoir bénéficié. C'est au tour de Jean d'Ormesson, l'écrivain du bonheur aux quarante ouvrages, l'académicien plein de fantaisie, le bon client télé aux yeux bleus rieurs, l'homme marié à Françoise Beghin durant cinquante-cinq ans et le père aimant d'une fille unique, l'éditrice Héloïse d'Ormesson.
L'hommage national était présidé par Emmanuel Macron dans la cour d'honneur des Invalides. "Ne fût-il pas lui même un être de clarté ? Il n'était pas un lieu, pas une discussion, pas une circonstance que sa présence n'illuminât. Il semblait fait pour donner aux mélancoliques le goût de vivre et aux pessimistes celui de l'avenir. C'est cette clarté qui d'abord nous manquera et qui déjà nous manque en ce jour froid de décembre. Jean d'Ormesson fut ce long été auquel pendant des décennies nous nous sommes chauffés avec gourmandise et gratitude", a déclaré le président de la République avant de déposer un crayon sur le cercueil comme l'avait souhaité le défunt.
Le cercueil de Jean d'Ormesson était encadré par la Garde républicaine et était recouvert du drapeau tricolore quand il a pénétré dans la cathédrale, suivi par Françoise Beghin, leur fille Heloïsie et la petite-fille de l'écrivain, Marie-Sarah. L'AFP écrit : "Le livret de messe est illustré par une photo en noir et blanc de l'académicien qui se cache le bas du visage avec les mains. Sous la photo, un vers célèbre du poète communiste Louis Aragon dont l'écrivain avait fait le titre de l'un de ses livres: 'Je dirais malgré tout que la vie fut belle.'"
Comme le rapporte l'AFP, l'académicien Jean-Marie Rouart a évoqué la mémoire de Jean d'Ormesson, le décrivant comme un "prosateur" de génie qui "aimait la douceur de vivre et le bonheur" lors de son éloge funèbre en la cathédrale Saint-Louis des Invalides où s'est tenue la cérémonie religieuse. "Aristocrate mais républicain, de droite mais attiré par la gauche, écrivain mais lorgnant sur la politique, privilégié mais ayant perdu un château historique [le château de Saint-Fargeau, ndlr], il réconcilie les Français avec leurs contradictions", a poursuivi Rouart. Jean d'Ormesson était en tout cas leur auteur préféré.
Si le couple Emmanuel Macron et Brigitte Macron était bien évidemment présent, la dépouille de Jean d'Ormesson était aussi entourée de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy, qui se recueillaient le matin-même devant la dépouille de Johnny Hallyday, de François Hollande, de dizaines de personnalités politiques, membres du gouvernement et autres, et culturelles, de Jean-Louis Debré, d'Hélène Carrère d'Encausse et plusieurs membres de l'Académie française, d'Alice Taglioni et Laurent Delahousse.