Vendredi matin, le public découvrait, encore abasourdi de la disparition brutale de Laurent Fignon, emporté mardi 31 août par le cancer contre lequel il bataillait opiniâtrement depuis le printemps 2009, les témoignages de son épouse Valérie et de son fils Jérémy.
Simultanément dans les colonnes du Parisien et au micro de Marc-Olivier Fogiel pour Europe 1, Valérie Fignon, qui a partagé avec le champion de cyclisme plein de panache reconverti en consultant très apprécié près de dix années de bonheur, et l'épousa il y a deux ans et demi, dévoilait comment la condition de son mari s'était très brusquement dégradée, dès le lendemain du Tour de France 2010 qu'il commenta pour France Télévisions - un exercice télévisuel brillant de sagacité et de connivences, qui n'était pas seulement un point d'honneur, mais aussi une thérapie.
Sa description d'un "grand bonhomme", d'un "fort personnage" et d'un "bon mari", c'est avec des mots simples, poignants parce que francs (à l'image d'un Fignon qui ignorait la langue de bois), que Valérie Fignon l'a faite, tandis que Jérémy, l'un des deux enfants que le regretté double vainqueur de la Grande Boucle (1983, 1984) eut avec son ex-épouse, insistait sur le "combattant" qui a inexpugnablement défié le cancer, jusqu'au tout dernier moment.
A l'annonce du décès de Laurent Fignon, quelques jours après ses 50 ans, la famille du cyclisme était évidemment en état de choc, nombre de ses protagonistes louant un coureur atypique et flamboyant, un homme mystérieux et chevaleresque, un ami fidèle et authentique. Certains de ceux-là, qui firent quelques tours de roue avec lui sur les routes de la vie, assistaient vendredi après-midi aux obsèques très intimes, avec un bref office laïque, qui avaient lieu au cimetière parisien du Père-Lachaise.
A l'entrée du crématorium, deux chevalets, disposés avec simplicité. Sur l'un, à gauche (le côté symbolique du passé), une image de Laurent Fignon, jeune, le maillot jaune sur les épaules, en course. Sur l'autre, à droite, un portrait plus récent, émouvant de simplicité : on y voit ce "grand bonhomme" en mode détente, les mains paisiblement enfoncés dans les poches de son jean, le regard perdu dans le ciel. Une quiétude qui contraste avec la guerre rageuse qu'il mena à la maladie, sans jamais se décourager. Il était comme cela, Fignon : dur au mal, dans la vie aussi.
Au sein du cortège formé autour de Valérie Fignon, mais aussi de l'ex-épouse du défunt et des deux enfants qu'ils eurent ensemble, ainsi que de son père Jacques, on trouvait notamment des personnalités du petit écran : Michel Drucker, passionné notoire de cyclisme et de Petite Reine, Daniel Bilalian, patron des sports du service public, Lionel Chamoulaud, Henri Sannier, Thierry Adam, Gérard Holtz, Philippe Risoli...
Les légendes et acteurs du monde du vélo étaient également bien représentés : Bernard Hinault, dont Laurent fut un coéquipier valeureux avant d'en devenir un rival éclatant, Sean Kelly, fameux collectionneur de maillots (4 verts, 3 à pois) et d'accessits lors des Tours de France des années 1980, Alain Gallopin, ancien kiné et ami proche du défunt, qui n'avait pas tardé à partager sa très vive émotion...
Parmi les autres personnalités présentes, on peut citer Alain Prost, Olivier Carreras (de Classe Mannequin) accompagné de Karine Lima, bouleversée, Didier Gustin, le chef Guy Savoy, Alexandre Bompard (Europe 1)...