On le pensait, comme tous les explorateurs à la soif d'inconnu insatiable, irréductible, impossible à retenir au port. Contre toute attente, à 69 ans, Olivier de Kersauson a décidé de jeter l'ancre pour une femme. Dans Paris Match, il s'ouvrait cet été sur sa décision sereine d'arrêter de courir le monde et de s'amarrer à Sandra, sa compagne, rencontrée en Polynésie dans les Tuamotu où il a vécu dernièrement, celle qui a rendu "ses grandes, grandes vacances" au coeur du Pacifique "encore plus belles" : "Oui, je vais me marier. Ce n'est pas plus stupide que le reste. (...) Puisque nous avons la chance de vivre une vraie histoire, je vais essayer de la vivre plus loin. Si le mariage perdure, c'est qu'il a des raisons d'exister. Il faut se donner la chance qu'une relation amoureuse soit encore plus forte, moins égoïste. Je n'aurai pas peur du mariage, ça ne peut être que mieux..."
"Pendant quarante ans, j'ai vécu uniquement préoccupé par les choses de la mer et des bateaux", confessait encore cet ardent découvreur que ses proches disent transformé par l'amour. Et de fait, dans Le monde comme il me parle, son nouvel ouvrage à paraître le 19 septembre 2013 aux éditions du Cherche-Midi, il n'est pas question seulement de voyages lointains : il y est aussi question, de manière inédite, d'un voyage au plus près de ce nomade à l'âme impétueusement romantique. Contemplation et exaltation devant le "merveilleux" du monde seront évidemment, comme dans les précédentes écrits du même auteur, à nouveau au rendez-vous, le lecteur empruntant son regard et s'appropriant les décors au travers de sa langue fougueuse et luxuriante ; mais cette dimension se double cette fois d'une expédition dans le for intérieur du marin, qui se confie sur sa retraite des flots et "dévoile pour la première fois la carte de ses sentiments" dans une "formidable ode à la mer et à la vie", pour reprendre les mots de son éditeur.
Quatre ans après le succès de sa sortie en librairie avec Ocean's Songs (300 000 exemplaires vendus), Olivier de Kersauson, sauvage pétri de grâce, se fait intime, à l'heure précisément où il se "reconstruit un bonheur". Veuf (de Caroline Piloquet-Verne, disparue en 2005), père (d'Arthur, leur fils), grand-père (avec la naissance en 2010 d'une petite Iris, fille d'Arthur et son épouse Clotilde) et bientôt jeune marié septuagénaire, l'inlassable chercheur de lumières, qui ne recherche en revanche guère la compagnie de ses semblables, serait-il donc prêt à sortir de sa carapace de pudeur et à se mettre en lumière devant eux ?
Une lecture qui s'annonce merveilleuse comme une "pluie d'or"...Olivier de Kersauson, Le monde comme il me parle
À paraître le 19 septembre 2013 aux éditions Le Cherche-Midi
169 pages, 16,50 euros
Extrait :
"Je suis un nomade exalté par la découverte. Voilà, découvrir sans cesse... C'est le seul moment où l'on peut supposer que va surgir le 'merveilleux'. Fouiller le monde de tous les côtés, c'est exaltant. Je suis comme un chercheur d'or. Ce n'est pas tant l'or que je cherche que le moment magique quand je vais le découvrir. C'est toujours, au vrai, l'émotion que je cherche. Le nomadisme, c'est ça. Tous les jours, un chercheur d'or est tenu par sa capacité d'émerveillement. La magie. Le 'merveilleux' est la raison de tout ce que je fais. L'émerveillement, c'est de la pluie d'or morale qui vous tombe dessus. Le tout, c'est de se trouver dans les bons endroits, là où il pleut de l'or."