Le rendez-vous est pris ! C'est rue Blanche, dans le 9e arrondissement de Paris, au coeur de l'un des quartiers les plus chic de la capitale que nous nous rendons avec enthousiasme pour assister au grand retour du Duplex (production Fimalac).
Véritable succès de la saison passée, la pièce de Didier Caron faisait salle comble pendant plusieurs mois avant de finalement être diffusée en juin dernier sur France 2. La consécration. Il n'en fallait pas plus aux programmateurs du Théâtre de Paris pour se saisir de ce succès populaire qui faisait, le jeudi 12 septembre, son retour sur scène.
19h55. La sonnette retentit dans l'enceinte de ce lieu chargé d'histoire où Louis XV y aurait secrètement profité des plaisirs de la chair avec la marquise de Pompadour. En quelques minutes, les retardataires prennent place dans les confortables fauteuils de velours rouge. "On devrait placer les gens en fonction de leur taille", s'exclame derrière nous une spectatrice peu enjouée à l'idée de passer 1h30 derrière les deux géants que nous sommes. Mais qu'importe, il faudra compter sur les promesses de rires de ce boulevard acclamé par les critiques pour raviver la mine renfrognée de la vieille dame.
20h05. Le rideau se lève. Devant nous, deux décors se font face. D'un côté, le salon d'un appartement plutôt vieillot, aux couleurs neutres et de style "régence", comme on l'apprendra plus tard durant la pièce. De l'autre, une pièce moderne, épurée, dans des tons chauds et habillée de meubles contemporains. Chacun des deux décors s'avancent ou se reculent au gré des différentes scènes. Très rapidement, on comprend. Le premier appartient aux Tissandier, un couple de professeurs à la retraite, interprété par Anny Duperey et Francis Perrin. L'autre aux Berger, leurs riches voisins du dessus joués Corinne Touzet et Pascal Légitimus. Le pitch est simple, le quatuor vit paisiblement au sein d'un bel immeuble dans lequel il s'épanouit. Mais du côté des Berger, l'épanouissement est tel qu'ils souhaitent agrandir leur résidence pour en faire un duplex. Mais pour cela, il va d'abord falloir se débarrasser des proprios d'en dessous. C'est là que les ennuis commencent...
20h... (perte de notion du temps). Emballé, c'est pesé. Dès les premières minutes, la salle est survoltée. Portée par quatre monstres de la comédie, la pièce se révèle salvatrice. Il ne pouvait pas en être autrement. Aux commandes, des personnalités à la fois différentes et complémentaires. Complices, même. On y retrouve une Anny Duperey en pleine forme, qui n'hésite pas à esquisser quelques pas de country et à nous offrir une scène de séduction des plus rocambolesque. C'est l'ovation. Mais pas que, puisque la comédienne de 77 ans est accompagnée par Francis Perrin, pensionnaire de la Comédie-Française mais surtout hilarant dans son rôle de retraité bobo qui saute de chaise en chaise et apparaît, sous les applaudissements du public, moulé dans une tenue de cycliste à faire pâlir Raymond Poulidor. L'homme qui vit désormais dans le Vaucluse et qui pensait il y a quelques années ne plus jamais faire de théâtre exécute un retour triomphal à Paris.
Face à eux, les Berger. Dès l'apparition de Corinne Touzet, c'est toute une génération qui replonge dans ses belles années télé. Révélée par Femme d'honneur, qui rencontra un succès phénoménal durant sa diffusion de 1996 à 2008, la comédienne n'hésite pas à donner de sa personne dans Le Duplex. Allant même jusqu'à entonner à tue-tête le tube En rouge et noir de Jeanne Mas. Ovation à nouveau. Avis aux critiques musicales, et notamment nos confrères de PureCharts, cette dernière est loin de chanter comme une casserole. L'actrice aux multiples talents nous étonnent dans ce registre qu'on lui connait finalement peu. Sur scène, elle ne quitte pas son partenaire Pascal Légitimus. Humoriste, acteur, scénariste, réalisateur et même producteur, l'homme révélé grâce aux Inconnus se révèle d'une drôlerie implacable.
Ensemble, ces quatre figures populaires rient, chantent, hurlent, courent, sautent. Tellement d'ailleurs qu'ils en viennent eux-mêmes à perdre les pédales. Comme ce moment où Corinne Touzet ne semble plus pouvoir retenir ses rires face aux répliques de Pascal Légitimus. Elle pouffe de rire, le public est hilare. Et c'est comme ça tout au long de la pièce. Même la mégère du rang derrière qui nous avait accueilli d'un regard acerbe s'est calmée. Ouf !
21h35. Les centaines de spectateurs, parisiens, banlieusards ou provinciaux venus pour passer une agréable soirée et oublier l'espace d'un instant leurs soucis du quotidien applaudissent. La mission semble donc réussie pour Anny Duperey, Pascal Légitimus, Francis Perrin et Corinne Touzet. "C'était à la fois humoristique et sentimental", partage avec son amie une spectatrice en sortant de la salle de spectacle. "Hilarant", peut-on entendre au moment de passer les portes qui nous emmènent directement dans le hall du Théâtre de Paris où l'on ne se fait pas prier pour boire un verre de vin bien mérité.
22h... (Quelques verres plus tard). Ce soir-là, la salle de spectacle qui accueille le retour de la pièce Chers parents au même moment que celui de Le Duplex est pleine à craquer. Les coupes de champagne s'enchaînent et l'arrivée des comédiens se fait attendre. C'est tout sourire, éreintés par leur reprise, qu'ils débarquent finalement. "Merci, merci beaucoup", s'exclament-ils face aux éloges des spectateurs venus, pour certains, les applaudir pour la seconde fois. A peine le temps pour eux de tremper leurs lèvres dans le vin pétillant qu'ils sont assaillis d'admirateurs en quête d'un selfie pour alimenter leur page Instagram. Il est temps pour nous de partir et de retourner braver le froid. Quant à ces quatre figures ultra populaires, pas le temps de se reposer sur leurs lauriers. Dès le lendemain, les séances vont s'enchaîner. Et ce jusqu'au 5 janvier prochain.
Sur le chemin du retour, ravis de notre soirée, un seul mot d'ordre : "Quel plaisir de les retrouver !"
Le Duplex se joue au Théâtre de Paris du mercredi au dimanche jusqu'au 5 janvier 2025. Rendez-vous sur la billetterie pour ne pas manquer ça !