C'est un masque qui cache le visage de personnalités et qui vient susciter la curiosité de téléspectateurs avides de découvrir quelle star a endossé le costume, mais il vient parfois aussi dissimuler les difficultés ou à tout le moins l'inconfort financier de celui qui le porte. Ce n'est sans doute pas un hasard si en ce début d'année, Chantal Goya, qui vient de fêter ses 80 ans et qui a toute sa vie été en proie à des problèmes d'argent, a participé au programme de TF1. Peut-être pas un hasard non plus si Anny Duperey, qui fête ce vendredi 28 juin ses 77 ans, avait elle aussi accepté de tenter l'aventure l'an passé... C'est qu'au-delà de l'amusement, des possibilités de chanter ou de faire la promotion d'une oeuvre ou d'un spectacle qu'elle offre à ses participants, l'émission Mask Singer permet aussi de récolter un chèque bienvenu...
La somme n'est pas énorme, quelques milliers d'euros si l'on en croit Passe-Partout, André Bouchet de son vrai nom, la célèbre figure de Fort Boyard qui a fait l'émission l'an dernier. Il a été démasqué lors du deuxième prime de la saison 2023. Après coup, il avait confié au micro de Jordan Deluxe avoir gagné 8000 euros pour cette aventure, en plus de son salaire sur le fort, bien sûr... De l'argent vite gagné mais qui ne va pas changer radicalement la vie des candidats comme lui ou Anny Duperey, éliminée elle aussi au bout de deux semaines et qui a récemment confié disposer de très faibles revenus pour sa retraite.
Sa longue carrière force pourtant le respect : actrice, bien sûr, mais aussi photographe et romancière, c'est une artiste complète que l'on peut encore applaudir tous les soirs à 20h sur la scène du Théâtre de Paris dans Le Duplex aux côtés de Corinne Touzet, Francis Perrin et Pascal Légitimus. Une artiste, capable de tenir la scène à l'approche des 80 ans et qui a tourné pour les plus grands, de Jean-Luc Godard à Alain Resnais en passant par Yves Robert. Un comédienne capable de s'illustrer dans le théâtre de boulevard ou les films d'auteur mais aussi dans une série comme Une famille formidable où elle a assuré le rôle de Catherine Beaumont avec son partenaire Yves Lecoq pendant quinze ans, au point qu'elle estimait être devenue un peu la femme de ce dernier. Bref, une comédienne qui ne manque pas de talent et qui n'a pas ménagé sa peine durant toute sa carrière. Pour quel résultat aujourd'hui ?
Le chiffre a choqué ceux qui connaissent et apprécient Anny Duperey. En novembre 2022, elle était invitée sur le plateau de Jordan de Luxe. Notre confrère, qui cherchait à savoir combien la comédienne gagnait, hasardait quelques sommes afin qu'elle réponde. "Les gens se disent : 'Ah Annie Duperey, on l'a vue à la télé, elle écrit des livres. Donc plutôt une retraite normale ?", l'interrogeait-il, lançant approximativement la somme de 1500 euros. Son hôte lui répondit alors de but en blanc :"Même pas, moi, c'est à 600 euros." Interloqué, le journaliste n'en croyait pas ses oreilles. Comment cette artiste -qui vient d'être confrontée à une violente épreuve liée à Me Too- qui a travaillé toute sa vie peut-elle percevoir une aussi faible pension?
"Le problème, explique Jimmy Schuman représentant du Syndicat Français des Artistes-interprètes à Purepeople, c'est que dans notre métier, on est souvent payé au cachet à la journée. Je vous donne un exemple, il y a une dizaine d'année, Anny Duperey, puisque vous parlez d'elle, faisait une publicité -elle en a dailleurs fait d'autres depuis- pour une marque de prothèses auditive. Je ne sais pas combien elle a gagné, mais probablement plusieurs milliers d'euros par jour de tournage. Or, le plafond journalier que va prendre la sécurité sociale va être à peine supérieur à 200 euros. C'est sur ce plafond que va se baser la retraite. Les artistes ont toujours fonctionné avec ce régime. Cela explique pourquoi leur retraite de base est si basse. Mais ils ont aussi des retraites complémentaires qui prennent en charge des sommes plus intéressantes."
C'est ce qu'expliquait d'ailleurs Anny Duperey à Jordan Deluxe. Certes, elle a une retraite de base très faible, mais à celle-ci s'ajoute, disait-elle, une "petite retraite" complémentaire qui lui permet de mieux s'en sortir.
Si l'on en croit nos confrères du Point qui lui ont rendu visite il y a quelques jours chez elle, la comédienne ne vit toutefois pas dans le dénuement. Loin de là... "En ce début d'été, écrivent-ils, le petit chemin qui mène chez Anny Duperey ne sent pas la noisette, mais le jasmin. Une ruelle pavée et luisante d'une averse récente, fermée de palissades en bambou derrière lesquelles se cachent les villas du Montparnasse bohème..." Et le confrère de décrire la maison dans laquelle on entre après avoir poussé un portillon : un lieu "solaire", "une gifle de bonne humeur". Une description qui donne lieu de penser qu'Anny Duperey, qui vit dans ce "petit paradis de verdure, de lumière et de couleur" depuis quarante ans n'est pas si malheureuse.
Lorsqu'on connaît le prix d'une maison dans Paris, à plus forte raison dans le quartier Montparnasse, on image la résidence plus bourgeoise, que "bohème". La moins chère que nous ayons trouvé à vendre sur un site spécialisé dans ce quartier s'affiche d'ailleurs au prix d'1,1 million d'euros pour 115 m2, sans jardin. Le Figaro avait publié en 2011 un article expliquant que ce quartier était "un autre monde". "Avec ses allées champêtres telles la Villa Alésia, où se cachent de cossues maisons, et ses avenues bordées d'immeubles haussmanniens, comme à Denfert-Rochereau, (il) s'est vite imposé comme le repaire des bobos du quartier. On y croise Laetitia Casta, Mathilde Seigner, Jacques Gamblin, Anny Duperey mais aussi Eva Joly, habituée du marché Edgar-Quinet", écrivaient nos confrères.
D'autant qu'à côté de ce logement parisien, Anny Duperey possède une maison dans la Creuse. Un logis qu'elle habitait avec son ancien mari, aujourd'hui disparu, Bernard Giraudeau, aux côtés duquel la vie n'a pas toujours été facile... "Au début, il n'existait que la cuisine, dans laquelle nous dormions. Bernard a construit le reste de ses mains, les murs comme l'intérieur. Moi, je me suis occupée du jardin. Nous avons bâti la maison ensemble, pendant les dix-huit ans qu'a duré notre histoire", avait-elle confié à Paris Match à propos de cette autre maison du bonheur, un bonheur qu'elle continue toutefois de bâtir, à 77 ans, à la sueur de son front.