Il va regretter longtemps d'avoir écrit cette chanson ! Orelsan, le rappeur caennais, vient une fois encore d'être rattrapé par la polémique autour de son titre Sale Pute. Critiqué, classé dans la catégorie "misogyne" après ce morceau accompagné d'un clip dans lequel celui qui était alors encore inconnu exprimait sa haine envers son ex. Évidemment fantasmée. Juste une chanson.
En 2009, Orelsan s'attirait les foudres des féministes, était même interdit de concert à plusieurs reprises, notamment aux Francopholies de La Rochelle.
Hier mercredi 28 mars 2012, le boomerang lui est de nouveau revenu dans la nuque. Récompensé de deux Victoires de la musique en février, Orelsan va en payer les pots cassés. En effet, un festival à la Réunion a été privé de ses subventions car il avait programmé le rappeur.
C'est le président UMP du conseil régional de l'île, Didier Robert, qui a mis le feu aux poudres en déclarant avoir refusé de subventionner le plus important festival de musique de la Réunion en raison de la présence du chanteur contesté. Il explique : "J'ai été élu pour défendre des valeurs. Ces valeurs, ce sont celles de la famille, de la tolérance, du vivre ensemble." Il a donc rejeté la demande de subvention de 150 000 euros des organisateurs du festival, le Sakifo 2012, et ce, avec le soutien de l'opposition régionale.
Didier Robert avance ces arguments dans un encart publicitaire : "La violence verbale, les appels à la haine, au viol, à la pédophilie, à la violence physique portés par l'un des artistes invité du Sakifo 2012 ne peuvent obtenir ma caution. Quelle serait notre attitude face à des personnes prônant aujourd'hui l'extermination des juifs, des musulmans, des catholiques, des orthodoxes, des tamouls et des autres ? Autant, je suis attaché à la liberté d'expression des artistes, autant je comprends l'émotion suscitée par ce texte attentatoire à la dignité humaine, violent. Je comprends que les gens soient meurtris. Il y a un équilibre à trouver. La Région intervient dans le festival en attribuant des fonds publics provenant des Réunionnais. C'est donc de mon devoir d'écouter les Réunionnais et de trouver un équilibre."
Pour le moment, Orelsan est toujours prévu à l'affiche, lui qui se lamentait sur son compte Twitter d'un "Bientôt, ils vont supprimer les APL de ceux qui achètent mon disque". Le directeur du festival, Jérôme Galabert, s'est dit "effondré" par une prise de position aussi "grave et violente", expliquant que la déprogrammation du rappeur de 29 ans n'est pas "à l'ordre du jour", ajoutant même : "Orelsan devient l'artiste le plus cher de l'histoire du Sakifo." Notons tout de même d'une part que la subvention ne représentera plus que 10% de son budget et ne comptera pas dans le cachet des artistes. Et d'autre part que pour chaque billet vendu le dernier jour du Sakifo 2012, qui a lieu du 1er au 3 juin, 1 euro sera reversé à une ou plusieurs associations oeuvrant pour les femmes à la Réunion. De nombreux artistes participeront à cette succession de concerts, comme Catherine Ringer, Julien Doré, Ayo ou Stuck in the Sound.
Désolé à l'époque, Orelsan continue maintenant sa route sans s'attarder sur ce genre de déconvenue, préférant ne pas perdre son temps avec cette éternelle polémique. Il se produira à Paris, fin mai, à l'Olympia, déjà complet, et il sera au festival Solidays en juin. Le procès que lui fait Ni putes ni soumises pour les paroles de Sale Pute doit se dérouler le 7 mai.