Ce vendredi 9 février, se tiennent les Victoires de la musique 2018 à la Seine musicale à Boulogne-Billancourt. La cérémonie est retransmise en direct sur France 2 et France Inter. Elle est présentée par Daphné Bürki et présidée par Sting. Des hommages seront rendus à Johnny Hallyday et France Gall, Étienne Daho recevra une Victoire d'honneur et une douzaine de trophées seront remis. Le grand favori n'est pas artiste de variétés, mais le rappeur Orelsan.
Avec son troisième album, La fête est finie, le rappeur de 35 ans a mis tout le monde d'accord. Il est présent ce soir dans trois catégories : Artiste masculin de l'année, Album de musiques urbaines et Création audiovisuel pour son clip Basique. Certifié triple disque de platine, La fête est finie est l'un des albums incontournables de ces derniers mois et pourrait valoir à Orelsan un triomphe ce soir face à une pointure comme Bernard Lavilliers et au très vendeur Soprano dans la catégorie de l'artiste masculin de l'année.
Je ne suis pas le monsieur que je voulais être
Pour autant, cet album est loin d'être celui de l'apaisement. À sa sortie, Orelsan confiait à 20 minutes qu'il avait dû changer son fusil d'épaule en cours d'écriture : "Au départ, je le voulais super positif, genre 'je m'assume, je suis là, j'ai la réponse à toutes vos questions, ne bougez pas'. L'album devait s'appeler San, ce qui veut dire monsieur en japonais. Mais j'ai eu un gros blocage. J'ai réussi à faire la moitié de l'album comme ça, mais au bout d'un moment je n'arrivais plus à écrire... Et je me suis rendu compte que, dans ma vie, je ne suis pas le monsieur que je voulais être. Je ne suis pas si à l'aise que ça avec moi-même, je n'ai pas la réponse à toutes les questions !" Il a ses doutes, mais il peut compter sur sa compagne qui partage sa vie depuis plusieurs années et à qui il dédie le titre Paradis.
Malgré quinze ans de carrière, de succès, de polémiques (le procès interminable autour de son titre Sale Pute pour lequel il a été finalement relaxé), de télévision et même de cinéma, Orelsan confie avoir toujours du mal avec la notoriété : "Je n'aime pas me voir en interview, je me trouve bizarre, j'encaisse mal les mauvais commentaires, comme tout le monde... Et puis, je suis responsable de gens : si mon album marche, ils ont du travail. J'ai aussi une marque de fringues, et c'est pareil. (...) Après, le fait d'être reconnu dans la rue... Déjà j'ai de la chance, je n'ai pas un visage reconnaissable, je peux passer un peu inaperçu", reconnaît le rappeur, soulagé de pouvoir encore prendre le métro. Et en évoquant ses insécurités, il en revient à l'amour : "Une fois que tu ressens ça, tu t'y accroches. Tu te dis, quoi qu'il arrive dans ma vie, j'ai ça. C'est ultrarassurant."
Ce soir, même s'il rentre bredouille, Orelsan gagnera un peu plus en légitimité. Il sera absent puisqu'il se produit à Genève, mais son nom sera sur toutes les lèvres lors de ces 33e Victoires de la musique.