L'actrice a volé la vedette à une autre Française, Marion Cotillard, que beaucoup pressentaient aux Oscars après celui qu'elle a obtenu en 2008 pour La Môme. Que nenni, la plus hollywoodienne des comédiennes de France a été devancée par celle qui a été révélée en 1959 dans Hiroshima mon amour. A 85 ans, elle est la doyenne des comédiennes à être nommée aux Oscars et se retrouve face à un rêve qu'elle n'imaginait pas une seconde : "A mon âge, c'est extraordinaire ce qui m'arrive !", dit-elle au Parisien.
L'événement est immense, mais c'est de façon inattentue et amusante qu'Emmanuelle Riva a appris la nouvelle : "Je l'ai appris par mes voisines de chambre, j'entendais des petits cris de joie. Je me disais en me réveillant que je ne serai pas nominée parce qu'il y a plein d'autres gens de talent partout. Ça ne manque pas, les talents," a-t-elle réagi sur Europe 1 depuis New York où elle assistait aux National Board of Review Awards.
Humble, elle ne cache pas son bonheur et sa surprise d'être nommée aux Oscars : "Je suis extrêmement contente, très heureuse que cela m'arrive. Qui ne le serait pas à ma place ? [...] Mais je n'ai jamais pensé à des prix. Je n'aime pas cela car ça peut abîmer le travail", confie encore l'actrice. En ce qui concerne la campagne des Oscars, pas question pour elle de convaincre qui que ce soit : "Je suis là, présente. Je reste simple face à cette aventure qui tient presque de l'irréel. [Les Américains] me semblent tellement enthousiastes que j'ai une espèce de confiance."
Un film qui n'a cessé de séduire, depuis sa présentation au Festival de Cannes. Une Palme d'or incontestable puis les éloges des critiques du monde entier, notamment des Américains. Michael Haneke se retrouvant à la table ronde des réalisateurs de The Hollywood Reporter, nominations aux Golden Globes, BAFTA, Critics Choice awards et désormais cinq citations aux Oscars : Amour a conquis l'Amérique. Emmanuelle Riva tente d'expliquer le succès du film (569 000 entrées en France) en le décrivant comme une histoire d'amour universelle "avec beaucoup de sobriété, de précision, pas de complaisance, une simplicité. Michael Haneke a trouvé en lui la mesure exacte de ce film", juge la comédienne. "Au départ, il m'a dit 'pas de sentimentalité'. Et avec ce mot, j'ai tout de suite été sur les rails", raconte-t-elle encore.