Empêtrés dans un scandale depuis qu'ils ont été soupçonnée d'emplois fictifs, Penelope et François Fillon ont dû faire face à leur condamnation en juin 2020 à cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme, 375 000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité pour lui, et trois ans d'emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d'amende pour elle. Ils ont décidé de contester cette décision de justice et ce 15 novembre 2021, au premier jour du procès en appel. Une journée intense pour l'épouse de l'ancien Premier ministre (2007-2012) sous Nicolas Sarkozy, qui souhaite faire changer son image auprès de l'audience.
"Je me suis sentie ridiculisée, même parfois humiliée, j'étais tétanisée au point de ne pas pouvoir m'exprimer comme je l'aurais voulu", a déclaré Penelope Fillon, 66 ans, se plaignant d'un "préjugé" à son encontre lors du premier jour du procès. "Cette fois-ci, j'aimerais vous convaincre" a ajouté cette mère de cinq enfants. La première journée d'audience a été consacrée à des questions de procédure. "François Fillon n'a pas reçu le même traitement judiciaire que tout autre justiciable", a tonné son avocat Antonin Lévy rapporte l'AFP, demandant pour la première fois l'annulation de l'essentiel du dossier où il y avait selon lui "quelque chose de pourri".
Celui qui a aussi été député de la Sarthe doit à nouveau s'expliquer sur l'emploi de son épouse comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013, par lui et par son suppléant Marc Joulaud. Des prestations rémunérées 613 000 euros nets (plus d'un million d'euros bruts) "fictives ou surévaluées" selon l'accusation. Le travail de Penelope Fillon était certes "discret" mais "essentiel", a toujours clamé son mari.
Ces accusations ont surgi alors que François Fillon se préparait à la course présidentielle en 2017, il a dû alors se retirer de la course et observer la victoire d'Emmanuel Macron au poste de chef de l'Etat. L'avocat de l'homme politique de 67 ans réclame désormais l'annulation d'une procédure à ses yeux "biaisée". En effet, il a invoqué les déclarations, en juin 2020, de l'ex-cheffe du Parquet national financier (PNF) qui s'était émue en commission parlementaire de "pressions" de sa hiérarchie dans cette affaire, quelques jours avant le jugement du premier procès. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), saisi par Emmanuel Macron, avait lui conclu fin 2020 que la justice avait agi "de façon indépendante".