Non content d'avoir rendu sur le papier La Tour 2 contrôle infernale plus alléchant, Philippe Katerine excelle dans la peau d'un vilain machiavélique et bavard. L'auteur-compositeur-interprète, également acteur, s'est retrouvé devant notre caméra le temps d'une rencontre pour parler terrorisme, cruauté et enfants. Devant nous, un homme charmant, captivant et dont on comprend bien vite pourquoi Eric Judor le voulait absolument dans le rôle du méchant.
Révélant comment il a eu le rôle, Philippe Katerine avoue avoir reçu un jour un "appel en numéro masqué" avec, à l'autre bout du combiné, un certain Eric Judor - pour qui Katerine ne cache pas son admiration. "Il m'a dit qu'il pensait à moi pour être l'ordure dans son film. Je lui ai répondu : 'tu mises sur le bon cheval'", s'est souvenu le truculent comédien. Troquant ses textes pour les plateaux de tournage en Belgique, Philippe Katerine s'est retrouvé à jouer un terroriste, ex-ado rejeté de tous qui cachait alors un dessein bien plus sombre. Ça tombe bien : il a quelques points communs avec son personnage. "J'ai été cruel... notamment avec les animaux, j'avais ce petit souci, lâche-t-il. J'ai vraiment détruit des colonies de fourmis. A coups de marteau."
Mes enfants m'ouvrent les yeux à longueur de temps
Avouant avoir en lui "beaucoup de cruauté aussi", Philippe Katerine est de ceux qui se sont servis de leur passé - souvent douloureux dans ces cas-là - pour mieux l'exploiter dans le présent et en "tirer la lumière". "J'ai été bouc émissaire comme métier avant, quand j'étais ado. J'en jouissais. J'aimais ça", nous avoue sans fard le comédien, qui se refuse à l'aigreur ou à la rancoeur. S'il n'a pas copié de modèle vivant en matière de terrorisme ou d'ordure de la pire espèce, l'artiste de 47 ans avoue que les politiques qui ont voulu ou veulent le pouvoir ne le "fascinent pas du tout", voire le débectent. Son personnage, le colonel Janouniou, n'en est pas un, mais veut le pouvoir et se donne les moyens pour atteindre son but à sa manière. Pour l'interpréter, Katerine s'est plongé dans ce qu'il apprécie le plus chez un méchant. "J'aime quand il y a du malaise au cinéma. Quand il y a de la peur et du rire aussi", nous dit-il, citant pour modèle Will Ferrell, un type "qui a quelque chose de malaisant" et qui "représente ça avec grâce".
Quant à sa dernière source d'inspiration, au cinéma (lui qu'on a vu récemment dans Gaz de France) comme en musique, il la puise quotidiennement auprès de ses enfants. "Ils sont une source inépuisable", assure celui qui est père de trois enfants, dont deux petits, Alfred et Billy, respectivement âgés de 3 et 4 ans et fruits de son idylle avec Julie Depardieu. "Ils sont émerveillés par n'importe quoi comme une bouteille en plastique. Ils sont émerveillés par des choses que tu ne peux ou que tu ne sais plus voir. Ils t'ouvrent les yeux à longueur de temps", surenchérit-il, sans manquer de pointer également du doigt "la cruauté" des enfants. "Ce sont les pires."
La Tour 2 contrôle infernale, en salles le 10 février.