La tension monte d'un cran lors du procès Oscar Pistorius. Bousculé depuis plusieurs jours, l'athlète accusé du meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp a vu une nouvelle fois ses arguments pilonnés par le procureur Gerrie Nel. Après avoir fait la veille un portrait de lui terrible, l'accusant d'être "égoïste" avec sa compagne, ce dernier l'a carrément traité de menteur...
Oscar Pistorius accusé de mentir
Car pour Gerrie Nel, cela ne fait aucun doute : Oscar Pistorius savait très bien qu'il tirait sur Reeva Steenkamp et non sur un cambrioleur, comme il le prétend depuis le début du procès. "En fait, vous saviez que Reeva était derrière la porte, et vous avez tiré sur elle. C'est la seule chose plausible", a-t-il lancé en fin de matinée de ce vendredi 11 avril, à la fin de ce nouveau contre-interrogatoire, avant de demander un ajournement du procès jusqu'à lundi.
Un peu plus tôt, Gerrie Nel avait tenté de faire craquer, sans succès, Oscar Pistorius. "Êtes-vous sûr, M. Pistorius, que Reeva n'a pas crié après le premier coup de feu ?", lui demanda-t-il dans un silence glaçant, puisque selon des experts, le premier des quatre tirs à travers la porte des toilettes a touché la hanche de Reeva, ce qui aurait dû lui laisser le temps de crier avant d'être touchée à la tête. "J'aurais aimé qu'elle hurle ou crie", a répondu, la mâchoire tremblante, le champion paralympique sud-africain. "Auriez-vous entendu ?", relance alors le procureur. "Je ne crois pas que j'aurais entendu. Il y avait un coup de feu, mes oreilles bourdonnaient", persiste l'athlète.
"Je ne voulais tuer personne"
Gerrie Nel a alors réaffirmé qu'il ne croyait pas une seconde à la version d'Oscar Pistorius, la trouvant "très improbable". Le champion avait expliqué avoir entendu du bruit dans la salle de bain, cru à l'intrusion d'un cambrioleur, saisi son arme en disant à Reeva d'appeler la police - sans obtenir de réponse - avant d'aller vers les toilettes sans ses prothèses et de tirer après un bruit, cédant à la panique. "Vous ne pouvez pas être vulnérable et aller au danger, a contredit le procureur. Pourquoi n'avoir pas vérifié où était Reeva ? Pourquoi n'a-t-elle pas répondu pour signaler sa présence quand il lui a crié d'appeler à l'aide ? Elle n'avait pas peur d'un intrus, elle avait peur de vous !", a-t-il ajouté, croyant toujours à une dispute qui aurait mal tourné. Ce qu'a encore une fois démenti le sportif : "Je ne voulais tuer personne", a-t-il insisté.
L'autre point troublant sur lequel Gerrie Nel a insisté, c'est la supposée peur maladive de la criminalité qui expliquait le port d'arme quotidien d'Oscar Pistorius. Le procureur n'a ainsi pas manqué de souligner que la nuit du meurtre, il n'avait pas vérifié si l'échelle des ouvriers travaillant chez lui était bien rangée ni le bon fonctionnement de son alarme. "Si l'alarme était enclenchée, aucun intrus n'aurait pu entrer dans la maison", a-t-il relevé. "Sur le moment, je n'y ai pas réfléchi...", a admis l'accusé. "Vous étiez assez en sécurité pour garer vos voitures dehors", a insisté Gerrie Nel, étonné de voir qu'il n'avait pas fait réparer la fenêtre de sa salle de bain et qu'aucune fenêtre n'était d'ailleurs sécurisée. Un élément clé qui n'a évidemment pas joué en la faveur de l'accusé...
"Vous mentez !"
Tout comme les nombreux trous de mémoire d'Oscar Pistorius qui ont une nouvelle fois agacé Gerrie Nel. "Je ne suis pas convaincu", "vous vous couvrez", "c'est le problème quand on arrange son témoignage", "vous arrangez votre témoignage parce qu'on vous contredit"... a-t-il notamment lâché à plusieurs reprises. Le procureur l'a aussi taclé après que l'athlète a accusé les policiers d'avoir déplacé des objets dans la chambre. "Pourquoi la police aurait-elle fait ça ? Vous mentez !", a-t-il lâché, rappelé ensuite à l'ordre par la juge Thokozile Masipa : "M. Nel, surveillez votre langage. Ne dites pas qu'un témoin est un menteur quand il est à la barre." On avait toutefois déjà bien compris le message que voulait faire passer le procureur...