Investir Internet, c'est une nécessité pour les hommes politiques qui y voient un outil puissant de communication et de lien avec les électeurs. Les comptes Facebook sont mis à jours. Les twits fleurissent.
Il n'y a qu'à voir le soin apporté aux médias par Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou François Bayrou lors de la dernière campagne présidentielle. Des émissaires de Barack Obama étaient même venus observer comment les candidats français s'y prenaient online, ce qui avait valu à Ségolène Royal cette phrase magnifique, que Libération a récupérée à des fins publicitaires : "J'ai inspiré Obama et ses équipes m'ont copiée."
Jeudi, le collectif "France à venir" - mouvement de jeunes parrainé par le si "populaire" ministre de l'immigration, Eric Besson - qui pousse cette communication encore plus loin en lançant une campagne surprenante : une parodie de Secret Story mettant en scène les ténors du PS.
Intitulée Secret PStory, cette fausse émission enferme au siège du PS, rue du Solférino, les personnages décrits ainsi : François (Hollande), le flamby, Ségo (Ségolène Royal), la bergère du Poitou, Martine (Aubry), Madame 35h, Manuel (Valls), l'éléphanteau et Dominique (Strauss-Kahn), l'Américain. Tous vont devoir défendre un lourd secret : "Ils ne sont d'accord... sur rien !"
Cette parodie est à découvrir ce soir à 21h, sur le net. Nous pourrons alors juger de l'ampleur des dégâts: s'agit-il d'une simple blague destinée à buzzer et flatter le militant de droite (ou le déçu de gauche) ou d'une vraie entreprise de sapage des primaires au Parti socialiste ?
Sur le site officiel des jeunes de "France à venir", on peut y lire quel est leur objectif : "Chacun des membres du collectif s'est vu attribuer un champ d'études l'amenant à travailler plus spécifiquement avec un ministère. Il s'engage dans un travail de réflexion et de proposition. Tous portent ainsi un véritable projet de génération." C'est qu'il en a fallu de la réflexion pour leur trouver leur petit surnom aux candidats de Secret PStory.
Martine Aubry sera-t-elle contrainte de répliquer en lançant une parodie du Maillon faible à la sauce Sarkozy ? Le président éliminerait ses ministres un à un en fonction des questions de jour sur l'affaire Bettencourt, les Roms, la crise ou les retraites... Les têtes tomberaient à coup sûr.
On attend une réaction de Martine Aubry. Pour l'instant, la première secrétaire du PS est souffrante, et vient d'annuler sa participation ce soir à l'émission À vous de juger sur France 2. Mais demain ?
Drôle ou non, cette parodie des jeunes gens de "France à venir" s'annonce bien pauvre pour le débat politique. Ils n'ont pas d'autres idées ces jeunes pour redonner un peu de dignité dans cette cour d'école qu'est devenue la politique, tous partis confondus ?