Mardi 23 juin, la famille de Raoni Metuktire, porte-parole emblématique des indigènes d'Amazonie, a annoncé que la femme du célèbre chef était morte d'une attaque cérébrale et d'une crise cardiaque. Elle était mariée au cacique depuis plus de soixante ans.
"Ma grand-mère Bekwyjka a subi une attaque cérébrale et une crise cardiaque. De crainte qu'elle ne contracte le coronavirus, elle n'a pas été transportée en ville. Mon grand-père est bouleversé par la perte de sa compagne, conseillère et matriarche", a tweeté la petite-fille du couple, Mayalu Txucarramae. La situation sanitaire au Brésil est absolument catastrophique et la gestion calamiteuse de la lutte contre le coronavirus par le décrié président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, a d'ores et déjà entraîné la mort de presque 53 000 personnes - un chiffre sous-évalué - alors que 1,1 million de Brésiliens ont été testés positifs au Covid-19. On comprend alors la crainte de la famille de Raoni à l'idée de transporter une personne âgée à l'hôpital. Mais la question se pose : si Bekwyjka avait été prise en charge par des médecins, aurait-elle pu survivre ? Nul doute que la famille se posera longtemps la question...
Bekwyjka était l'épouse du chef depuis plus de soixante ans, a indiqué sur Facebook le dirigeant de l'ONG Planet Amazon, Gert-Peter Bruch. "Adieu à une grande femme. Merci d'avoir partagé l'homme de votre vie avec le monde", a-t-il écrit.
Le chef indigène Raoni, figure emblématique - son plateau labial suscite la curiosité depuis des décennies - de la lutte contre la déforestation en Amazonie, est le chef du peuple Kayapo dans le Nord du Brésil. L'homme âgé de plus de 90 ans a reçu au Brésil l'Ordre du mérite culturel en 2007 et a été fait citoyen d'honneur de la Ville de Paris en 2011.