Le procès en appel de Régis de Camaret, condamné en première instance à huit ans de prison pour viols et tentatives de viols sur mineures, s'est ouvert ce lundi 3 février devant la cour d'assises du Var de Draguignan. Et fidèle à la ligne de défense qu'il avait tenue lors de son procès en 2012, l'ancien entraîneur de tennis a nié les faits qui lui étaient reprochés.
Nouveau procès, nouveau calvaire
Démarche de vieillard, petite barbe blanche et regard bas, Régis de Camaret (71 ans) a renouvelé ses déclarations et clamé son innocence devant le président d'audience Thierry Fusina, ses assesseurs et les douze jurés : "Je n'ai jamais agressé ni violé qui que ce soit."
Sur le banc des parties civiles, ses deux victimes, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, toutes deux âgées de 37 ans. Les faits, remontant aux années 1989 et 1990, n'ont pas été prescrits. Les deux femmes vont devoir subir l'horreur d'un second procès, au cours duquel, une fois de plus, elles raconteront l'horreur, le calvaire, sans omettre le moindre détail scabreux de ce qu'elles avaient subi de la part de leur entraîneur. "On n'arrive pas à passer à autre chose, il a fait appel et on est à sa merci", confiait Stéphanie Carrouget avant le début du procès, expliquant que le premier avait déjà été "dur à vivre". "Et c'est dur de se dire qu'on va le revivre, l'entendre dire qu'on est des menteuses", ajoute-t-elle.
"C'est humiliant, a expliqué au journal L'Équipe Karine Pomares. On espérait qu'il aurait eu le temps de réfléchir, mais non, il persiste." Cependant, "l'important [est] qu'il [ait été] reconnu coupable en 2012 et qu'il ne puisse plus entraîner des jeunes".
Témoignages nombreux
Les deux anciennes pensionnaires du tennis club des Marres à Saint-Tropez ne seront pas seules dans la salle, puisque la plupart des vingt-six autres anciennes joueuses, aujourd'hui âgées de 37 à 50 ans, ayant déclaré avoir été victimes de Régis de Camaret seront présentes et viendront apporter leurs témoignages, même si pour elles, les faits sont prescrits. "Elles sont toutes de mèche", affirmait à Draguignan la soeur de l'accusé, Anne de Camaret.
Le nouvel avocat de Régis de Camaret, le très médiatique Eric Dupond-Moretti, a déclaré dès le début du procès qu'il ne reviendrait pas sur des faits prescrits, n'hésitant pas à s'interroger sur la présence même de ces femmes à l'audience. "Ce qui nous occupe, c'est deux plaignantes. Le reste des témoignages de personnalité, on ne peut pas y puiser des éléments de culpabilité", a-t-il expliqué, pointant du doigt ce particularisme français.
L'avocat de la partie civile, Baudouin Dubelloy, lui a alors fait remarquer qu'un autre particularisme français était à son avantage : "Dans beaucoup d'autres pays, les crimes sur les mineurs sont imprescriptibles."
Viols et silence
L'affaire Régis de Camaret avait débuté en 2005, lorsque Isabelle Demongeot, ancienne élève de l'entraîneur et ex-numéro 2 française, avait déposé plainte contre son entraîneur après des années de silence. Elle l'accusait de l'avoir violée à de multiples reprises à partir de 1980 alors qu'elle n'avait que 13 ans. Au fil de l'enquête, elle découvre alors qu'elle n'est pas un cas isolé...
Toutes les victimes évoquent "un gourou", "un pervers" qui prenait plaisir à s'introduire dans les douches ou les chambres des filles à l'internat, savait tromper la méfiance des parents. Elles décrivent Régis de Camaret comme une personne à l"'emprise terrible", qui clamait son plaisir d'être "un loup dans la bergerie."
Si la plupart des faits sont prescrits à l'époque, deux plaintes sont encore recevables, celles de Karine Pomares et Stéphanie Carrouget. Un procès s'était donc tenu en 2012, durant lequel Isabelle Demongeot avait témoigné en même temps que d'autres anciennes pensionnaires du club des Marres de Saint-Tropez. Régis de Camaret avait alors reconnu, du bout des lèvres, des "attouchements" sur l'une des deux parties civiles "amoureuse de lui", ainsi qu'une "relation consentante", avec Isabelle Demongeot.
L'histoire semble donc se répéter, et Régis de Camaret, qui risque 20 ans de prison, connaîtra le verdict le 12 février prochain après que le tribunal aura entendu les 64 témoins et experts.
Par ailleurs, l'appel étant suspensif de la condamnation en première instance, toutes les personnes citées sont présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.