Dans une longue interview accordée au Parisien (édition du 7 mars), Richard Bohringer le "survivant" s'épanche sur le cancer pour lequel il a été traité et immobilisé pendant un an. Alors qu'il brûle les planches du Théâtre de l'Atelier avec Traîne pas trop sous la pluie, le comédien de 74 ans revient sans fard sur la maladie et les épreuves traversées.
"La vie a repris ce qu'elle pensait m'avoir donné en trop", croit savoir l'intéressé, pour qui "c'est cher payé" comme sanction. Il se souvient de l'instant où tout a dérapé : "Je jouais [sur scène dans J'avais un beau ballon rouge, NDLR] avec ma fille Romane en Suisse à Verey, et je suis tombé. Tu te réveilles, t'es paralysé, tu parles plus, t'as plus de mémoire. T'as traversé les mers, les océans, et d'un coup, t'es que dalle." Un récit éloquent et brutal pour celui qui a vécu "un choc septique" et dit en avoir "chié". "Un truc de fou furieux."
Avec sa verve brute de décoffrage et le verbe toujours juste, Richard Bohringer a rendu hommage à son entourage, en particulier à sa femme, qui a "été fantastique à chaque instant". "À la Salpêtrière, le médecin m'a dit : 'Vous savez, elle a dormi au pied de votre lit cinq jours de suite'", raconte-t-il. Son cancer fut "un poids pour les autres", mesure Bohringer, évoquant ses gosses "admirables" et les infirmières, "magnifiques". "S'il y a rémission, c'est grâce à elles", souligne le comédien.
Un an après un dur combat et une rémission annoncée, Richard Bohringer doit désormais se remettre. Au Parisien, il évoque cet "après" et sa vie qui a changé. "Pour l'instant, ça tient", dit-il, mentionnant les difficultés de la vie quotidienne, comme "mettre 10 minutes à descendre du taxi". Il poursuit, sans filtre : "Je suis en rémission, il n'y a pas de guérison. Je ne me vois pas repartir là-dedans, ça m'a suffisamment détruit. Je suis sauvé, mais ça m'a tué."
Aujourd'hui de retour sur scène, Richard Bohringer savoure. Et d'évoquer sa récente tournée en France avec ses deux filles, Lou et Romane Bohringer : "C'était magique. C'est des moments que je n'oublierai jamais", assure celui qui loue également son public de province, "très chaleureux". "Ils pensaient que j'étais mort, alors quand ils m'ont revu !", s'amuse-t-il.