Sans doute sa plus belle victoire ! Richard Bohringer se produit sur scène avec sa fille Romane dans J'avais un beau ballon rouge, la pièce qu'il avait été obligé de quitter, victime d'une gros coup de fatigue qui avait révélé son cancer. De retour au théâtre, le comédien s'est confié à Marc-Olivier Fogiel.
Oui, j'ai failli mourir
"Je vais comme des milliers d'hommes et de femmes en rémission, annonce-t-il en préambule à l'animateur radio. Ce n'est plus la maladie qui est préoccupante, mais la rémission, avec sa cohorte d'images. Il faut s'habituer à vivre avec une épée de Damoclès."
"Oui, j'ai failli mourir, confie Richard Bohringer au micro de RTL, au moment de revenir sur ce qui lui est arrivé. J'ai eu un lymphome du système central nerveux. Un cancer très très particulier, parce que cérébral et qui tape dans le système central nerveux." Il évoque ainsi les pertes de mémoire et de concentration, "le corps qui se déglingue". Un moment "difficile, abstrait", mais qui devient concret lorsqu'il se retrouve à la Salpêtrière, "admirablement soutenu par les infirmières et un personnel humain tout à fait exceptionnel".
Face à la mort, omniprésente dans son service, Richard Bohringer est loin de prendre la pleine mesure de sa situation. "Je n'avais pas vraiment conscience de ça, lâche-t-il. On y pense après. Parce qu'on est jamais guéri, on va de rémission en rémission. Aujourd'hui, je suis 'rémissionaire' en permission."
C'est pour vivre que je monte sur scène
Mais l'angoisse demeure "avant chaque contrôle" où "une machine mentale (...) se met en marche et qui n'est pas très rigolote". Voit-il les choses différemment aujourd'hui ? "À partir du moment où l'on prend conscience et que l'on sait à quel point c'est grave, il y a une approche de ce que l'on a pas été qui désole un peu. Je n'ai pas été toujours comme je voulais être. À force d'être brute de décoffrage, on devient brut tout court", reconnaît l'homme de 73 ans.
Aujourd'hui de retour sur scène au Théâtre Contemporain, où il donne la réplique à sa fille Romane, Richard Bohringer donne les raisons de son retour sur les planches : "C'est pour vivre que je monte sur scène. Je ne lâche pas le morceau. Je profite plus de mes gosses, plus de leur mère, je suis entièrement voué à cette cause, alors qu'avant, cette cause était là mais... 'parcoureur des savanes, enjambeur d'océans'... Là, il y a des fondamentaux. Je vais encore être là quelque temps (...) J'ai levé le pied, mais j'ai plein de dates à faire partout. Et le bonheur absolu, c'est que ces dates, je les fais dans des salles de 300-400 places maximum, bondées, avec des gens enthousiastes et aimants. Donc, je suis enthousiaste et aimant."
"C'est reparti, je l'espère du fond du coeur, car j'en reprendrais bien une petite poignée", conclut-il alors qu'il soufflera ses soixante-quatorze bougies le 16 janvier prochain...
Richard Bohringer et Marc-Olivier Fogiel, un entretien à retrouver dans son intégralité sur le site de la radio RTL