Cette 45e cérémonie des César s'annonce décidément très houleuse. Le 28 février 2020, Florence Foresti sera aux commandes de l'événement, retransmis en direct sur Canal+ depuis la salle Pleyel. Il faut espérer pour elle que la garde soit renforcée afin d'éviter tout débordement. Plus le jour J approche, plus les revendications des grandes figures du cinéma se font entendre. Il faut dire que depuis le plébiscite de Roman Polanski lors de l'annonce des nominations, l'Académie a officiellement tranché entre "l'homme" et "l'artiste". Au total, le réalisateur est nommé douze fois pour son film J'accuse, retraçant l'injustice de la – tristement – célèbre affaire Dreyfus. Douze étant aussi le nombre de femmes l'ayant accusé de viol ces dernières années... écrit le Parisien.
Rappelons cependant que ce sont 4313 professionnels de cinéma, acteurs, actrices, réalisateurs, monteurs, décorateurs etc... qui votent, pour les films, et les comédiens et comédiennes, les metteurs en scène, les scénaristes, les musiciens entre autre. Il est difficile de leur reprocher d'avoir voter pour un film qui a eu du succès en salle, hors considération morale... justement. Il était impossible de ne pas mettre ce film et tous ceux qui y ont participé sur la liste des nominations.
Il a reconnu avoir drogué et violé une enfant de 13 ans
A deux semaines de la cérémonie des César, certains organismes ne comptent pas laisser passer la glorification de Roman Polanski et ont signé une tribune au vitriol dans les colonnes du journal Le Parisien. Le Collectif féministe contre le viol, l'Association internationale des victimes de l'inceste ou encore les Chiennes de garde seront aux abords de la salle Pleyel de Paris, dans le huitième arrondissement, pour dire "non à la célébration d'un violeur qui silencie les victimes". "Le monde du cinéma a apporté un soutien franc et inconditionnel à un violeur en cavale, qui a reconnu avoir drogué et violé une enfant de 13 ans et a fui la justice américaine, peut-on lire. Tandis qu'aux Etats-Unis Harvey Weinstein risque la prison à perpétuité, en France, nous acclamons et célébrons un violeur pédocriminel en fuite."
Face à l'esclandre qui se prépare, Alain Terzian, le président de l'Académie des César, avait tenu à rappeler qu'il refusait les "positions morales" lors de la sélection des films et des talents nommés. "Vous vous trompez, répond la tribune. Il s'agit de justice, pas de morale." Certaines promesses ont été faites concernant l'avenir des César, dont le respect de la parité au sein de l'Académie, le choix d'un médiateur pour apaiser la transition... Une sorte de "révolution culturelle", en somme. L'Académie appelle également à l'apaisement en espérant bien que cette 45e cérémonie ne sera pas le berceau d'un pugilat médiatique. Bon courage...