Cette 44e cérémonie des César s'annonce décidément explosive. Outre les nominations à répétitions de Roman Polanski, les "lapsus" taquins de Florence Foresti – qui présentera cette session – ou les scandales passés sous silence du dîner des révélations, voilà qu'une tribune vient remettre le feu aux poudres. Deux cent personnalités du cinéma français ont effectivement signé ces revendications, publiées le lundi 10 février sur le site du journal Le Monde. Virginie Efira, Omar Sy, Marina Foïs, Leïla Bekthi, Jean-Pierre Bacri, Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux, Gilles Lellouche, Karin Viard, mais aussi Cédric Klapisch, Emmanuelle Bercot, Michel Hazanavicius ont souhaité y apposé leur nom. Chacune et chacun réclame une "réforme en profondeur" de l'Académie des César.
Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, Alain Terzian avait annoncé des mesures en vue d'instaurer la parité au sein de l'Académie – il en est le président –, dont seulement 35% des membres sont pour l'heure des femmes, promettant de conduire une "révolution culturelle". D'ici la fin de l'année, le conseil d'administration devrait devenir paritaire. Mais pour une partie grandissante de la sphère française du septième art, ces évolutions ne sont qu'en partie satisfaisantes. Acteurs, réalisateurs et producteurs dénoncent un "fonctionnement élitiste et fermé", des "dysfonctionnements", des "statuts qui n'ont pas évolué depuis longtemps" et un système de cooptation un peu trop présent en phase de recrutement.
"Nous nous réjouissons de ces changements à venir, mais il nous semblent insuffisants" protestent-ils dans la tribune. Ces revendications ne sont pas sans rappeler celles qui avaient trouvé écho à l'époque du dîner Chanel des révélations des César. La parole s'était libérée en constatant que certaines marraines et certains parrains – dont l'écrivain Virginie Despentes ou Claire Denis. – avaient été refusés par l'Académie sans aucune explication. La 44e cérémonie des César prendra place le 28 février 2020 en la salle Pleyel et sera transmise en direct sur Canal+, en clair. Pour rappel, Roman Polanski, accusé de viol par des femmes extrêmement jeunes au moment des faits, est nommé douze fois. Pas sûr que le changement, ce soit maintenant...