Il aura fallu attendre jusqu'à la veille de la cérémonie pour que Roman Polanski se prononce : comme il l'a lui-même expliqué dans un texte relayé par l'AFP ce 27 février 2020, le cinéaste n'ira pas aux César, et ce malgré ses douze nominations pour le film J'accuse. Le réalisateur franco-polonais de 86 ans préfère éviter d'affronter "un tribunal d'opinion autoproclamé".
"Des activistes me menacent déjà d'un lynchage public. Certains annoncent des démonstrations devant la Salle Pleyel. D'autres comptent en faire une tribune de combat contre une gouvernance décriée. Cela promet de ressembler davantage à un symposium qu'à une fête du cinéma censée récompenser ses plus grands talents, a d'abord expliqué Roman Polanski. Les médias et les réseaux sociaux présentent nos douze nominations comme un cadeau de la Direction de l'Académie, geste autoritaire qui aurait provoqué sa démission. On balaie ainsi d'un revers de la main le vote secret de 4313 professionnels qui, seuls, décident des nominations, et plus de 1,5 million de spectateurs qui se sont déplacés pour voir le film."
Le réalisateur déjà récompensé de quatre César du Meilleur réalisateur a ajouté : "Je me dois de protéger mon équipe (...). Mais je dois aussi protéger ma famille, ma femme et mes enfants, à qui on fait subir injures et affronts, appliquant une responsabilité collective d'un autre âge", a-t-il ainsi dénoncé, faisant référence à sa femme Emmanuelle Seigner, qui joue dans le film J'accuse, et à leurs deux enfants, Morgane et Elvis, 26 et 21 ans.
Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité
Une nouvelle fois, Roman Polanski nie les accusations d'agressions sexuelles dont il fait l'objet depuis de longues années et qui ont ressurgi en novembre 2019, au moment de la sortie de J'accuse, après que la photographe française Valentine Monnier l'a accusé de viol en 1975 : "Les activistes agitent le chiffre de douze femmes que j'aurais agressées il y a un demi-siècle ; ces fantasmes d'esprit malsains sont désormais traités comme des faits avérés. Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité."
Finalement, le cinéaste achève son communiqué en déplorant de devoir manquer la 45e cérémonie des César, qui se tiendra le 28 février à Paris et qui sera animée par Florence Foresti : "C'est donc avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d'opinion autoproclamé prêt à fouler au pied les principes de l'état de droit pour que l'irrationnel triomphe à nouveau sans partage."