C'est le procès de l'année qui se joue actuellement du côté du tribunal d'Avignon et la moindre parole peut avoir un retentissement médiatique très important. Gisèle Pélicot, qui a choisi de rendre l'affaire publique, fait face à son mari, Dominique Pélicot et à la cinquantaine d'hommes accusés de l'avoir violée pendant plusieurs années. Un procès hors normes où les avocats sont nombreux et une en particulier fait beaucoup parler d'elle ces derniers jours. Il s'agit de Nadia El Bouroumi, 45 ans et star des réseaux sociaux, qui n'hésitent pas à débriefer quotidiennement ses journées. Suivie par plus de 50 000 abonnés sur Instagram, l'avocate de la défense dans le procès des viols de Mazan, qui défend deux coaccusés, a publié une première vidéo qui a fait énormément de bruit.
"Je sors du procès Pelicot, pfiiiiou !", peut-on l'entendre s'exclamer au début de la vidéo, avant d'en dire plus sur la journée qu'elle vient de vivre au tribunal d'Avignon, n'hésitant pas à charger Gisèle Pélicot. Une attitude qui fait couler beaucoup d'encre et nombreuses sont les personnes qui s'interrogent sur la légalité des agissements de Nadia El Bouroumi . Une seconde vidéo sur laquelle on peut la voir danser sur la chanson Wake me up before you go go de Wham! a suscité l'indignation de certains. "Dans cette affaire la victime dormait alors que des hommes venaient la violer avant de repartir. La chanson dit littéralement 'Réveille-moi avant de partir'", écrit un internaute sur X (anciennement Twitter).
Interrogée sur BFMTV ce vendredi 20 septembre, Béatrice Zavarro, l'unique avocate de Dominique Pélicot, a d'abord indiqué que ladite vidéo où Nadia El Bouroumi danse sur la chanson de Wham! a été prise avant le procès. Une information démentie par la journaliste qui affirme qu'elle date du matin même dans la story de l'avocate. "Je serai bien malvenue de dire si Maître El Bouroumi a fait bien ou mal de publier cette vidéo. Chacun, je crois, à la liberté de sa vie personnelle et professionnelle et si elle a cru devoir le faire, elle l'a fait. Je ne souhaite pas porter un jugement sur cette façon de procéder", indique l'avocate de Dominique Pélicot, avant d'ajouter : "Malheureusement, c'est dans un contexte un peu particulier. Ça relève de sa vie privée et elle n'était pas interrogée à ce moment-là et elle n'était pas dans le cadre du fond du dossier au moment où la vidéo a été publiée. J'entends par là qu'elle était sortie de l'audience. Elle était dans un cadre certainement personnel."
À entendre Béatrice Zavarro, sa consoeur a donc tout le loisir de faire ses vidéos, qui s'inscrivent dans un cadre légal. Malgré tout, certains ne décolèrent pas, à l'image du journaliste et chef de service au Journal du Dimanche, Jules Torres. invité de Touche pas à mon poste ce vendredi soir, celui qui est également chroniqueur sur CNews et Europe 1 a fustigé l'attitude de Nadia El Bouroumi . "C'est scandaleux ! Ça n'a rien à faire dans un prétoire", lance-t-il face à Cyril Hanouna, avant de s'en prendre également au choix de la chanson Wake me up before you go go lors de sa storie. "Je ne sais pas si cette dame (Nadia El Bouroumi) pourra être portée devant la justice, mais en tout cas une avocate n'a pas à faire ça", ajoute Jules Torres, qui souhaiterait donc une sanction à son égard, avant de réagir à une seconde vidéo sur laquelle on voit Nadia El Bouroumi se défendre face aux critiques qu'elle reçoit depuis plusieurs jours : "Ce n'est pas son travail de faire la maligne, de faire l'influenceuse sur les réseaux sociaux. Elle, son travail c'est de défendre des accusés et d'obtenir la peine la moins grave pour les accusés et ceux qui ont violé Gisèle Pélicot."
Pour Le Parisien, la juriste spécialiste des questions de violences faites aux femmes, Catherine Le Magueresse estime qu'il "serait bon d'interroger le barreau sur la déontologie attendue", dans cette histoire. "Est-ce le rôle d'un avocat de se mettre en scène ?", se demande cette dernière.