Sa fille Suzanne fait son bonheur, chaque jour un peu plus. Et pourtant, la naissance de la jeune femme a été entourée d'évènements catastrophiques pour Sandrine Kiberlain. Alors qu'elle se préparait à accueillir un nouveau membre de la famille, la comédienne avait dû faire face à la mort de son père - David Decca, comédien et dramaturge - quelques semaines avant de donner la vie. Il avait cédé à la leucémie qui le rongeait. "J'étais enceinte de six mois et nous avions encore l'espoir qu'il guérirait, expliquait-t-elle dans le magazine Paris Match. Mais, au fond de moi, il y avait cette petite voix débile qui disait : il y a peu de chances qu'il s'en sorte puisque tu vas donner la vie, comme un relais."
Heureusement, ton père n'aura pas vécu ça
Ces évènements se sont enchaînés sans qu'elle ne puisse rien y faire. Sandrine Kiberlain s'en rappelle comme si c'était hier... alors que sa fille Suzanne est née à l'an 2000. Et quand elle a tenu dans ses bras son bébé pour la première fois, entre le deuil et la joie, l'actrice a compris que quelque chose clochait. Elle a fait un accident cérébral. "J'ai longtemps refusé d'en parler, précisait-elle. Quand Suzanne est née, j'ai insisté démesurément pour qu'on lui mette tout de suite son bracelet de naissance, comme si je pressentais quelque chose. En fait, je ne me souviens de rien, à part de la personne qui m'a fait passer l'IRM alors que j'étais déjà dans le coma. Ensuite, le trou noir. Ces heures d'attente ont été un calvaire pour mon entourage. Au réveil, Vincent [Lindon, le père de sa fille, NDLR] m'a dit : 'Heureusement, ton père n'aura pas vécu ça'".
Forte de ce bagage culturel, émotionnel, Suzanne Lindon a fini par suivre la même voie que ses parents, celle aussi de son grand-père. À seulement 21 ans, elle s'est déjà fait un nom dans le cinéma français avec son tout premier film intitulé Seize printemps, dans lequel elle joue, qu'elle a réalisé seule de A à Z. "À la fin de sa vie mon père m'a appelée pour me dire 'Viens, on discute', racontait Sandrine Kiberlain. J'ai été bouleversée qu'on puisse ainsi rattraper le temps. Aujourd'hui, il me manque, mais je n'ai pas de regrets. Enfin, si, un petit et un grand : j'aurais aimé qu'il nous laisse un mot et qu'il connaisse ma fille." Nul doute qu'il veille sur elle, de là-haut, avec une certaine fierté...
Retrouvez Sandrine Kiberlain sur France 3, le 11 mars 2021, dans "Un balcon sur la mer".