Le Consortium international des journalistes d'investigation a encore frappé. Un an et demi après la révélation des Panama Papers, qui ont éclaboussé notamment l'actrice Emma Watson et le réalisateur Pedro Almodovar, il aura fallu douze mois d'enquête, 381 journalistes de 67 pays et 96 médias partenaires pour mettre à jour, le 5 novembre dernier, les Paradise Papers. Petit tour d'horizon des nombreuses personnalités exilées fiscales comme Bono, Madonna, Jean-Jacques Annaud et Shakira ...
Les Paradises Papers ont été rendus possible par une fuite de plus de 13,5 millions de documents confidentiels, notamment issus du cabinet d'avocats Appleby, détaillant des informations sur des sociétés offshore. On y parle investissements dans des projets immobiliers ou autres, placements à l'étranger ou plus simplement dissimulation de droits d'auteur comme c'est le cas de Shakira.
La chanteuse colombienne aurait, selon Le Monde, placé 31,6 millions d'euros de droit d'auteur dans des paradis fiscaux comme les Bahamas, où elle possède une résidence, le Luxembourg et Malte, argue son avocat. L'affaire n'aurait aucun lien avec l'annulation des premières dates de sa nouvelle tournée mondiale. Plus machiavélique, le cas de Lewis Hamilton, qui a économisé 4 millions d'euros de TVA sur l'achat de son jet privé (un petit bijou à 21 millions) en l'enregistrant sur l'île de Man et en utilisant une société écran pour faire croire à son exploitation commerciale, condition sine qua non pour le remboursement de cette TVA.
Dans le cas d'investissements originaux, notons ceux de Bono, que l'on a récemment vu à Rio, comme Madonna, au mariage dément de leur manager Guy Oseary. Le chanteur de U2 a investi dans un centre commercial en Lituanie via une société maltaise où, pour les investisseurs étrangers, la taxe sur les profits réalisés est seulement de 5 %. Bono a réagi dans un communiqué, se disant "totalement écoeuré si même en tant qu'investisseur minoritaire et passif (...) son nom a pu être mêlé à quelque chose d'un tant soit peu illégal". Le chanteur affirme "qu'il avait obtenu l'assurance de la part des dirigeants de l'entreprise que celle-ci respectait totalement ses obligations fiscales". De son côté, Madonna a investi dans une société de fournitures médicales aux Bermudes. Enfin, l'actrice Keira Knightley aurait misé sur une société immobilière sur l'île anglo-normande de Jersey.
Des proches de Donald Trump, du très photogénique Justin Trudeau mais aussi Elizabeth II et le prince Charles sont cités dans les Paradise Papers. Dans les Iles Caïmans et aux Bermudes, la souveraine aurait placé des dizaines de millions de livres sterling. Son fils aurait lui fait compagne pour modifier certains accords sur le changement climatique sans révéler que son Duché de Cornouailles avait investi aux Bermudes dans une société qui en bénéficierait. Aïe !
Apple, Nike, Uber et Total font partie des sociétés dont le nom apparaît dans les Paradise Papers. Difficile de croire au hasard ou à la mauvaise gestion. Citons pour finir le cas du cinéaste Jean-Jacques Annaud. Du propre aveu de son avocat, le réalisateur est "bon cinéaste, mais pas excellent fiscaliste". En cause, la somme de 1,2 million d'euros dont le fisc n'a pas vu la couleur. Cette somme correspond à ce qu'a gagné le réalisateur en 1997 grâce au carton mondial de Sept ans au Tibet avec Brad Pitt. L'avocat du cinéaste plaide sa bonne foi et a annoncé sur Radio France que son client travaillait à la régularisation de sa situation.
* vu sur le compte Twitter @LaMotet des décodeurs du Monde