Réactualisation : Découvrez deux photos exceptionnelles ci-dessus de cet événement qui a fait de Simone Veil une immortelle.
18h13 : Le 16 mars 2010, Simone Veil découvrait au Sénat l'épée qui allait faire d'elle une immortelle, la 5e d'une courte (pour l'instant) série initiée par feue Marguerite Yourcenar dans l'histoire de l'Académie française.
Véritable sceptre quasi sacerdotal de ces gardiens du temple que sont les immortels, la femme préférée des Français y a fait graver sur la lame la devise de la République française (Liberté, Egalité, Fraternité) et celle de l'Europe (Unie dans la diversité), mais aussi le matricule 78651, stigmate indélébile, qu'elle porte également tatoué sur son bras, de sa déportation à Auschwitz-Birkenau (un nom qui apparaît également sur l'épée) en 1944 avec sa mère et sa soeur Madeleine tandis que son père et son frère devaient ne jamais revenir de Lituanie.
L'ancienne ministre et première présidente du Parlement européen avait alors connu un premier moment de grande émotion, que vous pouvez voir ci-dessus, recevant cet objet à l'aura aussi puissante que ses ornements sont somptueux - poignée en argent massif sculptée par Ivan Theimer (auteur du Monument aux Morts du Champ-de-Mars à Paris), pierres précieuses enchâssées - des mains de Jacques Chirac, et sous le regard de son mari Antoine Veil, d'une partie de sa famille dont sa petite-fille Rebecca, d'Anne Sinclair et son époux Dominique Strauss-Kahn.
Ce jeudi 18 mars, l'ancienne ministre revêtait l'habit vert, conçu pour elle par Chanel et créé par Karl Lagerfeld, synonyme de sa réception sous la Coupole de l'Académie française lors d'un rituel de passage marqué par une émotion aussi grande que la dignité du moment. "Disparu dans l'enfer de Bergen-Belsen quelques jours avant la libération des camps (...), [mon père] révérait la langue française", a-t-elle signalé lors de ces instants à part ; "plus encore que je ne le suis, il serait ébloui que sa fille vienne occuper ici le fauteuil de Racine", a-t-elle poursuivi au sujet du siège qu'elle occupera, le treizième, laissé vacant par Pierre Messmer.
Trois présidents de la République se tenaient aux premières loges : Jacques Chirac, évidemment, mais aussi Valéry Giscard d'Estaing et... Nicolas Sarkozy, finalement présent après quelques rebondissements. Autour du mari de Simone Veil, Antoine, et de plusieurs de leurs petits-enfants, Bertrand Delanoë, Frédéric Mitterrand, Jacqueline de Romilly ou encore Hélène Carrère d'Encausse étaient les témoins de cette nouvelle empreinte laissée dans l'Histoire par une femme politique (dont l'engagement féministe est visible sur l'attache de son fourreau, symbolisé par un visage féminin souriant) adulée du grand public.