Sacrée Miss France 2014 à Dijon, le 7 décembre, Flora Coquerel a débuté le marathon de sa nouvelle vie, celle de reine de beauté française. Mais la belle métisse de 19 ans a vu ce début de règne entaché par de terribles commentaires racistes sur les réseaux sociaux. Tout comme elle, Sonia Rolland, Miss France 2000, a été confrontée au racisme durant son année de Miss. Elle raconte au site du Nouvel Obs.
"Pour tout avouer, je suis surprise que l'on s'étonne encore de lire de telles réactions racistes, même si elles sont consternantes... C'est prévisible que les gens s'expriment ainsi, même s'ils ne sont qu'une minorité (fort heureusement)", déclare Sonia Rolland. Celle qui remerciait les Français d'avoir élu une femme noire comme Miss France 2014, précisant qu'"en ces temps obscurs, il est bon de le rappeler", n'a pas été surprise car avant Flora, elle avait elle aussi en son temps dû faire face à des attaques racistes.
"Quand j'ai été élue Miss France en 2000, il n'y avait pas de réseaux sociaux. Pourtant, j'ai reçu environ 2700 lettres d'insultes, d'ailleurs j'en ai publié quelques-unes dans mon livre Les Gazelles n'ont pas peur du noir. Je suis au regret de dire à tous ceux qui insultent Flora Coquerel qu'ils ne vivent pas à la bonne époque...", a continué la belle Sonia. Elle évoque ainsi de tristes souvenirs : "Je me souviens d'une enveloppe qui contenait des excréments, assortis d'un petit mot : 'Voilà ce que tu m'évoques quand je te vois à la télé.' J'ai eu des crottes ramassées dans la rue sur mon paillasson, des crachats sur ma porte. On a aussi déchiré la toile de ma voiture après y avoir écrit 'négresse' en énorme... J'avais 18 ans, ça a été très violent."Geneviève de Fontenay, qui chapeautait alors encore le comité Miss France, était totalement bouleversée et souhaitait en parler publiquement. Mais Sonia Rolland, encore toute jeune, a préféré se taire. La jeune femme ne voulait pas mettre en péril l'image de Miss France. "Je ne voulais pas donner de l'importance à une poignée d'ignorants racistes alors que ceux qui m'avaient élue étaient justement assez ouverts pour élire une métisse franco-rwandaise", explique-t-elle. Pas question pour elle de se positionner en tant que victime pendant son règne. Forte et positive, elle a pris sur elle pour continuer : "J'ai fait le tour de la France pendant un an et j'ai été confortée dans l'idée inverse : la France n'est pas raciste."
Le samedi 7 décembre, elle remerciait la Bourgogne d'avoir eu l'audace il y a quatorze ans de la choisir pour la représenter au concours Miss France. Des remerciements qu'on lui a reprochés, l'accusant d'attiser la haine et d'être même elle-même raciste. La maman de Tess (5 ans, dont le père est Christophe Rocancourt) et Kahina (née en 2010 de sa relation avec Jalil Lespert) répond à ses détracteurs à travers cet entretien accordé au Nouvel Obs : "C'est un fait : je suis issue de deux cultures et je ne veux en renier aucune. Chez moi, il n'y a pas de culture dominante. Mais j'ai eu de la chance, j'aurais pu basculer de l'autre côté. Miss France m'a offert l'occasion de voir autre chose et de sortir de ce schéma." Elle continue ainsi : "Je pense profondément qu'on apprend la haine. Car on ne naît pas raciste, on le devient."
Enfin, elle conclut, positive : "Mais finalement, nous allons dans le bon sens. Nous avons une ministre de la Justice noire, des députés noirs, maghrébins, asiatiques, une Miss France métisse..." Quant à son conseil à la jolie Flora Coquerel, elle indique : "Tout ce que je conseillerais à la jeune Flora, c'est de ne pas prêter attention à ces commentaires racistes qui circulent et de profiter de ce que va lui offrir son année de Miss. Elle n'a pas à s'excuser d'être Française juste parce qu'elle est métisse."