Ils ont fini par capituler. Dans cette guerre des nerfs, les hackers ont finalement eu raison du géant Sony. Le studio hollywoodien a en effet renoncé à distribuer dans les salles américaines le film-polémique The Interview (L'Interview qui tue !, en VF), réalisation de Seth Rogen et Evan Goldberg. Une décision ahurissante et unique en son genre qui risque bien de bousculer Hollywood et le septième art. En Californie déjà, les réactions de cinéastes et autres acteurs de l'industrie cinématographique se multiplient contre la décision d'une major acculée depuis le piratage d'informations privées a contraint la victime à poser un genou à terre.
La sortie avortée de The Interview – prévu dans les salles américaines le 24 décembre prochain – fait suite à une série de décisions prises après la parution d'une missive menaçant d'attentats les cinémas qui diffuseraient la sulfureuse comédie. Les pirates brandissaient alors la menace du 11-Septembre, la peur ultime de tous les Américains. La première new-yorkaise avait alors été annulée, tout comme la campagne promotionnelle de Seth Rogen et James Franco (les acteurs principaux de ce film), suivie par la décision des firmes de ne pas montrer ledit long métrage dans leurs parcs d'écrans.
The Interview suit un animateur de talk-show et son producteur se retrouvant impliqués dans un complot meurtrier à l'échelle internationale avec un seul but : tuer Kim Jong-un, le dirigeant (et dictateur) à la tête de la Corée du Nord. Mis au courant de la sortie du film l'été dernier, le chef d'État avait promis des représailles, mais la Corée du Nord a cependant nié être liée à l'action des pirates et notamment du collectif GOP (Guardians of Peace).
Apprenant que The Interview ne verrait pas le jour en salles, ni en DVD (pour l'heure), quelques personnalités ont réagi. Rob Lowe ne fait pas dans la dentelle. Il affirme que les pirates "remportent une victoire éclatante", ose dire qu'"Hollywood a rendu Neville Chamberlain très fier aujourd'hui", une référence au Premier ministre britannique qui n'avait cessé de parlementer avec Hitler avant de se plier à ses exigences, n'ayant pas réussi à contrer les velléités allemandes à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Moins virulent mais tout aussi courroucé, Judd Apatow, maître à penser de la comédie US, déclare : "C'est honteux que les salles de cinéma ne projettent pas The Interview. Est-ce qu'ils vont retirer des écrans n'importe quel film qui reçoit une menace anonyme maintenant ?" Steve Carell, dont le projet de comédie se déroulant en Corée du Nord vient aussi d'être annulé, estime qu'il s'agit d'un "triste jour pour la liberté d'expression". Tandis que Barack Obama montre sa décision de s'opposer à Sony. "Ma recommandation est : allez au cinéma !", a déclaré le président américain sur ABC.