La polémique concernant Stéphane Guillon enfle, et lui, ça l'agace. Il y aurait eu malentendu et puis c'est tout.
En pleine tournée pour présenter son dernier spectacle, Liberté (très) surveillée, qu'il présente partout en France depuis 2010, Stéphane Guillon s'est rendu en Corse pour finir en beauté sur l'île qui a vu grandir sa mère et sa grand-mère.
Au début de son show, samedi 26 mai, au théâtre de Bastia, Stéphane Guillon aurait demandé à l'un de ses spectateurs, handicapé, de changer de place. C'est le journal Corse-Matin qui s'en fait le relais, l'homme en question aurait été prié de s'installer plus loin, sans quoi le spectacle serait annulé. Il faut dire que ce one-man show de Stéphane Guillon s'ouvre sur un sketch corrosif sur le handicap. L'humoriste a semble-t-il été incapable d'affronter le regard de l'homme pendant ce sketch potentiellement dérangeant à son endroit...
Christian Badoual, la victime de cette discrimination, explique : "Le régisseur de Stéphane Guillon est arrivé et, sans même prendre la peine de s'adresser à moi directement, il a dit aux gens de la sécurité et du théâtre qu'il fallait fermer les deux premiers rangs, car les gens étaient soi-disant trop proches de la scène et que ça allait déstabiliser Stéphane Guillon. Ça pose un problème en cas d'évacuation. Et imaginons que j'aie envie de faire pipi pendant le spectacle, il faut carrément appeler la sécurité pour me porter ? Je tiens à garder le peu d'autonomie qui me reste."
Après avoir cédé, "Je n'avais pas envie que 450 personnes soient privées de spectacle à cause de moi", Christian Badoual assiste au show "sur le côté de la scène, dans la pénombre". Déçu, forcément. Il déclare : "Quand on n'assume pas de faire un sketch sur les handicapés devant des handicapés, on ne le fait pas. Pendant cinq ans, Stéphane Guillon s'est moqué de Sarkozy. Alors quoi ? S'il s'était retrouvé face à Sarkozy, il aurait perdu ses moyens ? Je suis gravement déçu : c'est quelqu'un que j'aime énormément et son fameux sketch sur le handicap me fait beaucoup rire."
Voilà pour l'accusation. Stéphane Guillon, de son côté, se défend et même s'insurge, fatigué par cette polémique disproportionnée selon lui. Au Parisien, il s'est dit "profondément peiné et désolé" et se justifie : "Je suis stupéfait qu'on puisse écrire que j'aurais pu être gêné par la présence d'un handicapé à mon spectacle. Ça fait trois ans que je joue ce sketch, parfois avec deux rangs entiers de handicapés devant. Une de mes fiertés est justement d'avoir été un des premiers, avant Intouchables, à ouvrir une fenêtre de rire sur le handicap. Il faut bien comprendre, que, dans ce théâtre de Bastia, les fauteuils se retrouvent au même niveau que la scène. Et je sais d'expérience, pour avoir beaucoup discuté avec des personnes handicapées après mes spectacles lors des dédicaces, que ce qui les a parfois gênées, c'est de sentir en fait la gêne du public lorsqu'elles se retrouvent placées trop en évidence, ce regard sur eux. J'avais envie qu'il soit mieux placé pour pouvoir mieux apprécier le spectacle. Et c'est pour cela que j'ai dit à mon régisseur : 'Tu vas le voir et tu lui proposes d'être déplacé un peu sur le côté.' Ce régisseur, qui n'est pas mon régisseur habituel, a très mal géré la situation. Et, d'ailleurs, je lui ai dit que je ne travaillerai plus avec lui. Je reconnais que la façon dont a été géré le problème est inadmissible. Je comprends la colère du jeune homme et, d'ailleurs, je lui ai présenté mes excuses après le spectacle."
Les 18 et 19 juin, Stéphane Guillon clôturera sa tournée à Porto-Vecchio. Deux spectacles pour lesquels Christian Badoual conseille, non sans humour, que "tout le monde, les handicapés comme les valides, arrive au spectacle en fauteuil roulant"...
Sans amertume.