Alors qu'une avocate parisienne spécialisée dans les violences conjugales souhaite poursuivre Bertrand Cantat pour le suicide, en janvier 2010, de son épouse Kristina Rady, les parents de cette dernière se dont désolidarisés de cette démarche inédite.
Les parents de Kristina, Ferenc et Csillia Rady, par l'intermédiaire d'un communiqué transmis à l'AFP par leur avocat Tibor-Louis Leh, ont ainsi indiqué se "désolidariser totalement" de la démarche de Me Yaël Mellul, précisant que "cette initiative a été entreprise sans les avoir consultés, sans avoir recueilli leur accord, et sans qu'ils l'aient mandatée". Ils se disent "choqués par cette démarche" qu'ils considèrent comme "un acharnement inutile" et "ne veulent pas du tout relancer cette affaire".
Mais Me Yaël Mellul "persiste et signe" malgré les déclarations des parents de Kristina Rady, et dit agir en tant que "militante". Elle souhaite poursuivre devant la justice Bertrand Cantat pour le suicide de son épouse, invoquant les violences psychologiques exercées sur elle par l'ancien leader de Noir Désir, conduisant à sa mort que l'avocate qualifie de "suicide forcé". L'AFP révèle que Me Yaël Mellu n'était "absolument pas surprise" par leur réaction : "Ils dont déjà dit qu'ils ne porteraient pas plainte contre Bertrand Cantat parce qu'ils n'ont pas d'éléments suffisants et parce que, selon toute vraisemblance, ils sont terrorisés à l'idée de ne plus voir leurs petits-enfants [Milo, 15 ans, et Alice, 10 ans, NDLR], dont ils ont rapporté qu'ils ne les avaient vus qu'une fois depuis le décès de leur mère. (...) Pour ma part, je persiste et signe et je continue mon action pour la manifestation de la vérité."
Pour son action, l'avocate s'appuie sur le livre L'Amour à la mort de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard publié aux éditions L'Archipel en juin dernier. On y trouve la retranscription d'un message de Kristina Rady laissé sur le répondeur de ses parents en juillet 2009, dans lequel elle présentait Bertrand Cantat comme "fou" et songeait alors "à s'enfuir".
Si les parents, qui vivent en Hongrie, avaient dans un entretien accordé à Paris Match fin 2012 évoqué la "violence" du chanteur qui "d'une certaine manière, terrorisait" leur fille, ils ont tenu à affirmer qu'il "n'est vraisemblablement pas la seule personne impliquée dans le dossier. Ils sont persuadés qu'il y a beaucoup d'autres raisons complexes pour lesquelles Kristina s'est suicidée et que la presse ignore". Quant au fameux enregistrement, Ferenc et Csilla Rady se disent "choqués, scandalisés" que celui-ci, qu'ils avaient confié "de façon confidentielle, à usage privé" à une relation de leur fille, ait pu être divulgué dans la presse. "C'est une violation grave du respect de la vie privée, et une atteinte à l'honneur et la considération de leur fille", ont-ils ainsi conclu.
Si Me Yaël Mellul espère convaincre les services du procureur de la République, son action semble tout de même compromise. Bertrand Cantat avait été mis hors de cause par la justice dans le suicide de son épouse, et selon l'avocat de ce dernier, Me Aurélien Hamelle, Me Mellul "n'est mandatée par personne, n'a aucune légitimité et aucune connaissance de l'affaire ou des personnes impliquées autrement que par ce qu'elle a pu lire dans la presse".