Teddy Riner, 131 kilos et 204 centimètres sous la toise... Cinq fois champion du monde à seulement 23 ans. Inutile de décrire davantage le colosse et de revenir sur son parcours sportif, inimaginable et exceptionnel. A partir du 27 juillet, Teddy Riner partira à la conquête du seul trophée manquant à son palmarès, l'or olympique...
Mais derrière l'homme des tatamis, se cache un personnage attachant qui rêve de victoire, bien sûr, mais pas seulement. L'esthétique compte beaucoup pour Teddy Riner, qui veut tout à la fois être "invincible" et être un champion "avec la manière et l'élégance". Quelques jours avant les Jeux olympiques de Londres, L'Express est parti à la rencontre de cet athlète d'exception qui a déjà marqué durablement le sport français. Et il en ressort un jeune garçon pour qui la famille et la joie de vivre sont au centre de son bien-être et de sa motivation. "Je ne rigole pas pendant le combat, mais une fois qu'il est terminé, je souris à la vie" confie-t-il.
Et son combat, Teddy Riner l'a débuté dès l'enfance et l'Insep... "Quand je suis arrivé à l'Insep, il y avait face à moi 50, 100 combattants, tous plus vieux. On m'a mis une ceinture rouge pour que les autres m'épargnent un peu à l'entraînement, mais je peux vous assurer que je n'ai eu le droit à aucun traitement de faveur, au contraire. (...) C'est moi qui me faisais crocheter, et tout mon corps valsait de l'autre côté du tapis. Les autres rigolaient, mais je ne me laissais pas faire", poursuit celui qui a tenté le foot, l'escalade, le squash, la natation et un autre sport bien surprenant, afin d'apprivoiser cette taille parfois sacrément handicapante :"A l'école, les choses étaient un peu différentes. Je devais toujours m'asseoir au fond de la classe, il arrivait que les autres enfants refusent de jouer avec moi. J'étais un peu gauche. Des psys m'ont conseillé de pratiquer la danse moderne, ce qui m'a beaucoup aidé."
Une famille derrière le champion
Autour de lui, Teddy Riner a pu compter sur le soutien sans faille de sa famille, qui s'est évertuée à lui inculquer les valeurs qui font aujourd'hui de lui ce qu'il est : un homme apprécié de tous, reconnu pour sa gentillesse et sa bonne humeur chronique. "Avec la famille, il m'est impossible de perdre pied, poursuit Teddy Riner. A la maison, je débarrasse la table comme mes frères et soeurs et mon surnom reste 'gros bébé'. Ça rend humble ! Si je changeais, mon frère m'insulterait, mes soeurs seraient déçues, mes neveux ne m'appelleraient plus 'tonton chéri'. Et mon père me recadrerait d'un seul regard."
Un père qui encore aujourd'hui joue un rôle prépondérant dans la carrière de Teddy Riner et dans sa vie de tous les jours : "Quand j'étais petit, mon père incarnait l'autorité. J'ai eu droit à quelques fessées, à des punitions aussi, surtout quand je n'obtenais pas la moyenne à l'école. Aujourd'hui encore, c'est lui le patron. (...) A ma mère, je dois l'amour du sport. Elle avait deux garçons débordants d'énergie, et il lui a vite fallu trouver pour nous un exutoire."
Pour autant, cet amateur de montres et de belles voitures - il en possède deux - confie voir un psychologue depuis ses 15 ans et son arrivée à l'Insep : "Cela m'a aidé à gérer les bouleversements qui se sont produits dans ma vie : les copains, le succès, les partenaires, la pression, le stress de la compétition..."
Un nouveau Teddy Riner
Des bouleversements, il pourrait y en avoir de nouveaux durant et après Londres, pour ce grand sensible qui verse facilement sa larme devant les films romantiques. "Une nouvelle vie commencera après Londres. (...) Je sais que je partirai en vacances, que je quitterai mes parents aussi. Il est temps que je m'émancipe. Entre les trophées et les kimonos, il n'y a quasiment plus de place dans ma chambre", explique le quintuple champion du monde qui a eu quelques propositions pour passer devant les caméras au cinéma et même dans la série Plus belle la vie, mais qui avoue préférer une comédie romantique, "pour faire plaisir à maman".
Une fois les JO terminés et après avoir tout connu, Teddy Riner pourrait-il arrêter le judo ? "Ça me paraît impossible. Je ne pense pas que je me lasserai un jour du judo." Dommage pour ses adversaires...