Il y a dix ans, lors de la Coupe du monde, Thierry Roland commentait le 6 juin 2002 au côté de son grand complice Jean-Michel Larqué un match de l'équipe de France contre l'Uruguay. Un match nul et vierge qui compliquait la tâche des Bleus (éliminés ensuite dès la phase préliminaire après leur défaite contre le Danemark), mais dont le déroulement houleux, marqué notamment par l'expulsion de Thierry Henry dès la 25e minute de jeu, avait surtout inspiré au tandem vedette, à la mi-temps, une saillie verbale mémorable, aux dépens de l'arbitre mexicain Felipe Ramos Rizo : "C'est des enc**** quand même. Même s'ils [les Français] gagnent, t'as pas à foutre un arbitre mexicain pour diriger l'Uruguay", avait notamment fustigé Titi, suivi par un Jean-Mimi furibard.
Dix ans après, alors que les fameux dérapages verbaux de Thierry Roland, parfois en bon et parfois en moins bon, font encore sourire, ce sont l'émotion et les larmes qui honoraient son souvenir mercredi soir (15 août 2012) à l'occasion du match amical France-Uruguay. Décédé le 16 juin dernier à l'âge de 74 ans, le légendaire commentateur sportif a reçu la standing ovation de tout le stade flambant neuf Océane du Havre lors d'une minute d'applaudissements poignante, à l'initiative de la FFF. Une minute d'applaudissements, plutôt qu'une minute de silence, qui a bouleversé sa veuve, Françoise, et son fils, Gary, présents sur la pelouse tandis qu'un portrait de Titi apparaissait sur les écrans géants. Françoise, avec le patron des sports de Radio France Jacques Vendroux à côté d'elle, s'est vu remettre par le nouveau sélectionneur des Bleus Didier Deschamps un bouquet de fleurs ; Gary, lui, conservera un maillot de l'équipe de France en souvenir de cet hommage appuyé.
"La Fédération garde le souvenir d'un homme de talent, de gentillesse, un amoureux de l'équipe de France et un amoureux de notre sport. Thierry, c'était quelqu'un d'aimable, de gai et souriant", avait au préalable déclaré le président de la Fédération, Noël Le Graët, lors d'une réception des proches de Thierry Roland dans un salon du stade Océane.
Puis le présent et le football ont repris leurs droits, avec, dans la cabine des commentateurs pour TF1, Christian Jeanpierre, Arsène Wenger et Bixente Lizarazu, qui a voulu adresser "une pensée particulière de tous les champions du monde 98" en rappelant l'émotion avec laquelle Thierry Roland, 13 Coupes du monde commentées à son actif, avait vécu le sacre de France 98.
Sur le terrain, l'ère Didier Deschamps s'ouvrait, à trois semaines du début des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014 avec les matchs contre la Finlande (7 septembre) et la Biélorussie (11 septembre). Les Bleus et les Celeste ont eu le bon goût de faire, à nouveau, match nul 0 - 0. Comme un clin d'oeil.