Michel Denisot utilise son compte Instagram pour partager régulièrement des images ou vidéos amusantes. Mais ce mercredi 11 septembre 2024, l'animateur et producteur n'a pas le coeur à rire. Il vient d'apprendre la disparition du journaliste sportif Didier Roustan qui a notamment présenté Téléfoot sur TF1 et qui oeuvrait plus récemment dans L'Equipe du soir. Il est mort à l'âge de 66 ans et son ami Michel Denisot s'est exprimé sur les réseaux sociaux et au micro d'Europe 1 pour partager son émotion et rendre hommage à son ami et ancien collègue. C'est Pascal Praud, lui-même très touché, qui recueille les mots émus de son invité à la radio.
En effet, Michel Denisot et Didier Roustan ont longuement collaboré ensemble et c'était donc tout naturellement que Pascal Praud s'est tourné vers lui pour parler du passionné de sports et de football plus précisément qu'était Didier Roustan. "On avait un lien très fort, j'ai beaucoup de mal à parler de lui maintenant", commence par dire sur Europe 1 l'ancien président du PSG. On peut voir à quel point il a du mal à s'exprimer, il doit reprendre son souffle pour poursuite : "Je l'ai connu surtout à TF1 (...) On était très proches puisqu'on faisait un duo de commentateurs pendant plusieurs années. (...) Dans nos métiers, on passe souvent beaucoup plus de temps ensemble, plus qu'avec nos propres familles. On était proches et il y avait une vraie affection ce qui n'est pas toujours le cas, on n'est pas obligé d'en avoir pour les gens avec qui on travaille, on a du respect. Avec lui, il y avait de l'affection donc c'est très difficile aujourd'hui."
Sur Instagram, c'est une photo de son ami Didier Roustan, casquette visée sur la tête et sourire en coin que Michel Denisot publie avec en légende ces mots éloquents : "Immense chagrin."
"Didier Roustan, figure de la chaîne L'Equipe depuis 1999, est décédé brutalement dans la nuit de mardi à mercredi après plusieurs semaines de lutte contre la maladie. Il était absent de l'antenne depuis fin juin", avait annoncé le quotidien L'Equipe sur son site internet mardi 10 septembre 2024.
"Passionné, imprévisible et généreux", selon Carine Galli qui travaillait avec lui sur La chaîne L'Equipe, le journaliste revisitait à sa façon décousue dans Puzzle (Marabout), le titre de son autobiographie publiée il y a un an presque jour pour jour, une carrière guidée par l'enthousiasme, resté intact jusqu'à son dernier souffle.
"Didoune incarne une autre manière d'envisager le sport, en s'intéressant surtout aux passions qu'il déclenche", décrivait pour l'AFP en décembre dernier, Olivier Ménard, maître de cérémonie du talk show L'Equipe du soir. "Il a des partis pris, ce n'est pas la statue du commandeur qui ne dit plus rien", poursuivait celui qui a bombardé Roustan "Président à vie" de son émission. "J'ai un côté dictateur, et anarchiste à la fois", en souriait l'ancien présentateur de Stade 2 (1992-1995).
Du commentaire des matches des Bleus, le Graal de son métier, aux audiences plus modestes de la TNT, sa carrière a connu des hauts et des bas, mais cela ne l'a jamais dérangé: "Je ne suis pas touché par le vedettariat, j'ai rapidement pris conscience que les gens ne te connaissent pas mais te voient à travers la télé, les louanges ne s'adressent pas à toi en tant que tel."
Didier Roustan a été exposé très tôt. Le Cannois avait 18 ans quand il a débarqué comme stagiaire à la rédaction des sports de TF1, en 1976. "Téléfoot aura été ma chance", disait-il de l'émission culte lancée mi-septembre 1977, où son ton original se démarquait des plus anciens.
Roustan a interviewé ses autres idoles Johan Cruyff et Pelé, ce dernier avec une panthère en studio, et s'est aussi abimé la santé dans la création d'un syndicat mondial des joueurs, l'AIFP de 1995 à 1999. Il en a fait une dépression en 2002 : "J'étais un légume". Mais rien n'a entamé sa passion. "Didier a une façon unique de raconter les histoires, il part dans tous les sens, ça peut durer deux heures et on se prend des fous rires", s'amusait Galli.
"C'est bien d'influencer les jeunes", estimait le Capitaine Fracasse du foot, qui ne se sentait pas un dinosaure, même si, selon Galli, il a "vécu un foot qu'on ne connaîtra jamais" plus, où les joueurs étaient bien plus accessibles. "J'allais dans le vestiaire de la Juve de Platini, des fois on dormait chez les joueurs", rembobinait celui qui adorait aussi Eric Cantona, tout en se défendant d'être nostalgique. "J'ai plutôt un côté saudade", précisait Roustan: "La saudade c'est être séparé de l'être aimé, mais avec aussi un espoir, un côté rêveur et optimiste..."