De la cocaïne en échange d'un grand rôle au cinéma face à Leonardo DiCaprio et à la place de Keira Knightley ou Kate Winslet ? C'est la défense, pour le moins inattendue, qu'a opposée la popstar anglaise Tulisa Contostavlos à ses accusateurs, au cours de son procès qui s'est ouvert le 14 juillet 2014 devant le tribunal de Southwark.
Au premier jour des débats, son ami le rappeur Mike GLC (Michael Coombs, de son vrai nom), avait plaidé coupable et reconnu les faits, à savoir la vente, le 23 mai 2013, de 13,9 grammes de cocaïne à Mazher Mahmood, journaliste opérant sous couverture. Une transaction que Tulisa avait organisée. Sous une fausse identité, le reporter avait été mis en relation avec le dealer par la popstar et ex-jurée de X Factor, laquelle s'était bien vantée au passage de "pouvoir lui obtenir tout ce qu'il voulait" et d'avoir tout un tas de dealers dans son carnet d'adresses. Sans savoir qu'elle était filmée à son insu. Début juin, soit une dizaine de jours après l'achat de la drogue pour 820 livre sterling (un peu plus de 1000 euros), le journaliste publiait le scoop dans le Sun on Sunday ; Tulisa Contostavlos, 26 ans, avait été arrêtée dans la foulée (le 4 juin) puis formellement inculpée, le 9 décembre, de trafic de drogue de catégorie A. Le 19 décembre, lors de l'audience préliminaire devant la cour de justice de Westminster, elle plaidait non coupable et restait en liberté dans l'attente de son procès.
Devenir la Victoria Beckham d'Inde ?!
Alors que sa tentative de carrière en solo, avec l'album The Female Boss, s'est avérée peu concluante malgré des clips et un comportement très aguicheurs, et qu'une reformation de son groupe N-Dubz est sur les rails pour 2015, Tulisa, habillée chic plutôt que provocante, prenait cette semaine la parole devant la cour pour donner sa version des faits et nier catégoriquement, à nouveau, avoir orchestré le deal de drogue... malgré les apparences. La cour et les jurés ont écouté le récit de la rencontre entre Mazher Mahmood et de Melle Contostavlos, en mars 2013, et de leurs entrevues ultérieures lors de l'exposé des faits par le procureur Timothy Cray. Se présentant sous le nom de Samir Khan et se faisant passer pour un producteur influent à Bollywood, Mahmood s'était rapproché de la chanteuse et de son manager/assistant personnel, Gareth Varey, lors de rendez-vous dans des palaces de Las Vegas et de Londres, et lors de dîners au Nobu. Il aurait promis à Tulisa "un grand rôle dans un film" librement inspiré de son histoire personnelle ("l'histoire d'une gamine des rues qui s'élève vers une vie meilleure") et possiblement avec Leonardo DiCaprio comme partenaire, qu'elle monterait les marches du Festival de Cannes, et de faire du couple qu'elle forme avec le footballeur Danny Simpson (ex-Newcastle) "les Victoria et David Beckham d'Inde".
"Son manager et elle ont complètement gobé l'histoire. On lui a fait croire qu'elle serait plus indiquée pour le film que Keira Knightley ou Kate Winslet, a souligné le procureur. Bien qu'elle n'ait pas négocié le prix ou la quantité, elle a fait tout son possible pour arranger une vente de cocaïne. C'est très clair quand on voit comme elle tombe dans le panneau - elle se met en position d'organiser cela." Enthousiasmée par les belles promesses du faux producteur, Tulisa Contostavlos est filmée en train de dire, lors de leur entrevue du mois de mai au Metropolitan Hotel : "Je pourrais sûrement obtenir un bon rôle sexy à Hollywood, mais ce ne serait pas dans un film de premier plan. Quant cette opportunité s'est présentée, je me suis dit, un grand rôle pour la première fois... c'est quasiment parfait", rapporte le Daily Mail. Interrogée par la police après son arrestation, Tulisa disait effectivement : "J'essayais d'obtenir un rôle dans un film. On m'a posé une série de questions intimes. J'y ai répondu, parfois en exagérant, dans le but de décrocher le rôle. Mes propos ont été sortis du contexte. Je ne suis pas une dealeuse de drogue." Peu après, l'avocat de la jeune femme fustigeait la manoeuvre : "Tulisa a été inculpée d'un grave délit pour lequel elle plaidera non coupable. Tout ce dossier a été monté de toutes pièces par le Sun on Sunday et Mazher Mahmood, aussi connu comme 'le faux cheikh'. Ils ont dépensé une grande partie de l'argent de leurs lecteurs pour emmener Tulisa et certains de ses amis à Las Vegas, en première classe. Là-bas, Mahmood a posé en se faisant passer pour un producteur de films offrant à Tulisa un contrat de plus de 3 millions d'euros. En temps voulu, Tulisa apportera devant le tribunal des réponses claires à ces allégations."
"Ça ferait mauvais genre"
Un soir, au Dorchester dans le quartier huppé de Mayfair, que Mazher Mahmood lui demande de lui procurer de la cocaïne, elle lui répond qu'elle-même n'en abuse pas (admettant l'usage de cannabis pour trouver le sommeil) mais qu'elle peut facilement lui dégoter des "douceurs blanches" par le biais d'amis, et se targue de compter plein de fournisseurs dans son répertoire, d'avoir pour ex-boyfriend un "dealer majeur" et d'avoir fait partie d'un gang. "Dans son langage pour le trafic de drogue, 'douceurs blanches' veut dire cocaïne, 'douceurs vertes', précise le procureur devant les jurés. Elle contacte alors un ex-petit ami, qui lui fait comprendre que son téléphone est sur écoute. Elle appelle ensuite Michael Coombs, qui est partant, puis fait savoir au "client" que le deal est en route. "Dites-moi quand vous arrivez que je vous organise ça ! Love Tulisa xxx", lui écrit-elle notamment dans un des SMS échangés. Des conversations téléphoniques sont également versées au dossier, dont une où la starlette dit à son interlocuteur qu'elle a organisé pour lui la visite d'une boîte de pole-dance baptisée Whites détenue par son ex-boyfriend Adam Bailey. Le journaliste sous couverture dit alors : "À propos de blanc, qu'en est-il des douceurs blanches ?" "Pas de problème, je m'en occupe, je dois juste passer quelques coups de fil de plus", répond Tulisa Contostavlos. "Naturellement, cela doit rester entre nous", signale l'auteur du piège, ce à quoi la chanteuse rétorque, en riant : "Ça ferait mauvais genre qu'on sache que Tulisa s'occupe de trouver des douceurs blanches."
Quelques jours plus tard, Mahzer Mahmood filmait la transaction, Michael Coombs lui vendant de la cocaïne "pure à 100%" selon lui (en fait, à 37%) vers 1 heure du main dans une suite du Dorchester.
Le procès se poursuit.