
Le 2 avril dernier, Thomas Pesquet a été nommé directeur général de Novespace, une filiale du Centre national d’études spatiales (CNES) spécialisée dans les vols paraboliques. Basée à Bordeaux, l’entreprise fait voler l’Airbus A310 Zero G, un appareil mythique capable de recréer des conditions d’apesanteur pour les scientifiques, les astronautes… et même quelques civils passionnés prêts à débourser 7 500 euros pour quelques instants sans gravité.
Si cette nomination peut surprendre, elle n’est pas un saut dans l’inconnu pour l’astronaute. Thomas Pesquet connaît bien la maison : "Il a travaillé chez Novespace comme ingénieur bien avant d’être sélectionné par l’Agence spatiale européenne", rappelle Le Journal du Dimanche dans son édition du 13 avril 2025.
Et ce poste ne signifie pas pour autant un adieu à l’espace. L’astronaute précise lui-même sur son compte X (anciennement Twitter) : "Tant que l’entraînement pour la Lune ne m’occupe pas à plein temps, il reste des heures dans les journées." Avant d’ajouter, non sans humour : "Ravi, en parallèle de mes autres activités, de rejoindre une entreprise leader mondial dans son domaine".

Fondée il y a 35 ans, Novespace s’est imposée comme un acteur incontournable de la recherche en microgravité. Son avion, l’A310 Zero G, offre aux chercheurs et astronautes un laboratoire unique en son genre, enchaînant des phases d’impesanteur de 22 secondes, plusieurs fois par vol.
Ces séquences sont précieuses pour simuler les conditions de l’espace, tester des équipements ou réaliser des expériences scientifiques en orbite simulée. En parallèle des missions scientifiques, la société ouvre également ses vols au grand public — une première en Europe. Un tiers des recettes de ces vols commerciaux est d’ailleurs reversé aux agences spatiales afin de soutenir la recherche.
C’est donc un défi à la fois scientifique, managérial et symbolique pour Thomas Pesquet, qui vient tout juste d’être diplômé de l’INSEAD, l’un des établissements les plus prestigieux en matière de gestion. Déjà pilote, ingénieur, astronaute et colonel réserviste de l’Armée de l’air, le Normand ajoute une nouvelle corde à son arc : celle de dirigeant.

Cette prise de fonction s’inscrit dans la continuité d’un parcours hors norme. Fort de deux missions spatiales — Proxima (2016-2017) et Alpha (2021), dont il est devenu le premier Français à commander l’ISS —, Thomas Pesquet cumule près de 400 jours passés dans l’espace. Ce dernier est aujourd’hui l’astronaute européen le plus expérimenté, avec également six sorties extravéhiculaires à son actif.
Mais ce nouveau rôle n’est pas une fin de trajectoire. Au contraire, il s’agit d’un palier supplémentaire avant un retour dans l’espace. L’Agence spatiale européenne envisage de futures missions lunaires et Thomas Pesquet fait toujours partie des candidats pressentis. En attendant, le voilà à Bordeaux, à la tête d’une entreprise à la croisée des mondes entre science, aéronautique et aventure humaine.
Et quand il ne flotte pas en impesanteur ou ne supervise pas des projets aérospatiaux, le père de deux enfants reste fidèle à sa passion première : voler. Le compagnon d'Anne Mottet continue de piloter, notamment dans le cadre des essais en vol chez Airbus, et participe à des missions humanitaires pour Aviation Sans Frontières. À 47 ans, celui qui parlait déjà six langues à 20 ans continue de réinventer sa trajectoire.