C'est le livre événement de la rentrée mais aussi... le plus secret. Jusqu'à mardi, deux jours seulement avant son arrivée en librairies, personne ne savait en effet que Valérie Trierweiler raconterait tout dans un ouvrage, Merci pour ce moment (Ed. Les Arènes), huit mois après sa tonitruante séparation d'avec François Hollande. Pas même ses proches, l'Élysée ou le président lui-même, qui a appris cette (mauvaise) nouvelle sur Twitter à la veille de la parution des bonnes feuilles du livre dans Paris Match. Mais comment a-t-elle pu garder un tel secret ?
Les enfants de Valérie Trierweiler n'étaient pas au courant
"Je suis plus dans la déception que dans la colère, mais je n'exclus pas d'écrire un livre." Quelques jours après le Gayetgate et la tromperie de François Hollande devant la France entière, Valérie Trierweiler évoquait déjà l'idée d'un ouvrage dans Le Parisien magazine. Mais alors que personne ne s'y attend, l'ex-First Lady va passer à l'acte dans le plus grand secret, sans rien dire à ses proches et s'atteler à l'écriture du livre il y a "environ trois mois" selon Paris Match, (d'après nos informations, elle aurait commencé à écrire dès le mois de mars...). "Je pense que les enfants de Valérie ne savaient pas, ni son ex-mari [Denis Trierweiler, NDLR] et François Hollande a été mis au courant mardi", a expliqué sur Europe 1 le directeur de l'hebdomadaire Olivier Royant, qui a appris l'existence du livre il y a quelques jours seulement.
Pour éviter les fuites, Valérie Trierweiler choisit aussi d'opter pour une maison d'édition indépendante et moins connue malgré les propositions très alléchantes. "Elle a privilégié la confidentialité", explique Laurent Laffont, directeur éditorial des éditions JC Lattès, qui a lui-même fait part de son intérêt "comme beaucoup d'éditeurs". "Il y avait sûrement des mieux-disants financiers pour le livre de l'ex-première dame. Mais il était plus facile de garder le secret au sein d'une structure légère", a-t-il ajouté. Même si Valérie Trierweiler a fait le choix d'une maison d'édition indépendante, elle touchera quand même un joli jackpot. Selon Le Parisien, elle pourrait empocher un demi-million d'euros grâce au contrat qu'elle a signé.
Valérie Trierweiler brouille les pistes
Maîtrisant l'art du double jeu comme une femme politique, Valérie Trierweiler a également établi une jolie stratégie pour semer la confusion. Selon Le Monde, elle avait ainsi mandaté son agent, Anna Jarota, pour faire le tour des maisons d'édition comme JC Lattès donc, mais aussi Stock ou Albin Michel. Sauf qu'il n'est pas question d'un livre sur François Hollande mais d'un ouvrage... sur "l'humanitaire". Ce sera ensuite son agent, très liée avec Florent Massot, éditeur collaborant avec Les Arènes, qui la dirige vers cette maison d'édition.
Fondateur et directeur des Arènes, Laurent Beccaria signe en mars un contrat avec Valérie Trierweiler. L'engagement laisse toutefois l'ex-première dame libre de se rétracter à tout moment, indique Le Monde, tandis que le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, qui a fondé avec Laurent Beccaria la revue de grand reportage XXI, est mis au courant en août. Toujours selon le quotidien, l'ex-First Lady n'aurait pas touché d'"à-valoir phénoménal" mais ses droits d'auteur seront très élevés, une pratique courante chez Les Arènes.
Un livre imprimé à l'étranger
Comme souvent pour les livres "top secret", c'est à l'étranger que l'impression s'est ensuite faite, en Allemagne en l'espèce. Tiré à 200 000 exemplaires, un chiffre que seuls les maîtres du best-seller comme Amélie Nothomb ou Marc Lévy peuvent se permettre, l'ouvrage de Valérie Trierweiler, déjà en tête des ventes sur Amazon, a été rapatrié mercredi seulement par camions. "L'éditeur a aussi choisi l'Allemagne parce qu'il fallait faire vite et qu'ils ont des machines très rapides", pense Laurent Laffont. Merci pour ce moment ne figurant pas dans les programmes de la rentrée, Les Arènes ont contacté in extremis les libraires ce lundi. Dans ce cas, l'éditeur dit seulement : "J'ai un livre 'sous X'" écrit par une personnalité, ce qui signifie : "ouvrage Top secret", indique l'AFP.
Flammarion avait également gardé le secret autour du livre de Cécilia Attias, ex-madame Sarkozy, en octobre 2013. La parution d'Une envie de vérité avait toutefois fuité quelques jours plus tôt et l'éditeur avait annoncé la sortie d'un mystérieux ouvrage avec un titre provisoire sans donner le nom de l'auteur, avant que les bonnes feuilles ne soient publiées dans Le Point. Le livre, tiré à 60 000 exemplaires au départ, s'est vendu à 100 000 copies.
François Hollande "catastrophé"
Principal concerné, François Hollande apprend l'existence du livre en même que tout le monde via le tweet d'une journaliste, posté mardi vers 10h. Alors en pleine visite dans un collège de Seine-Saint-Denis, il se procure en fin d'après-midi un exemplaire de Paris Match, qui publie les bonnes feuilles de ce brûlot contre sa personne. "Je suis catastrophé", écrit-il à une amie par SMS, comme le raconte Le Parisien. Déjà usé par une rentrée politique compliquée, entre le remaniement et ses records d'impopularité, le président est sonné, voire "atterré". "Il était un peu KO", dit un proche au journal.
Dès le lendemain, François Hollande, qui selon son entourage ne devrait pas porter plainte, aurait cependant repris du poil de la bête. "Il est solide, le bonhomme !", remarquera un ministre. En pleine tempête, le président peut en effet compter sur la majorité de la gauche qui, frondeurs compris, parle enfin d'une même voix pour le défendre face au déballage de son ex.
Merci pour ce moment de Valérie Trierweiler, aux éditions Les Arènes, 320 pages. Le 4 septembre en librairies.