Un plan, un miroir, une caméra mouvante, un acteur. Parfois, c'est dans la simplicité qu'on crée les grands moments. En filmant Vincent Cassel pour son film La Haine, Mathieu Kassovitz ne pensait peut-être pas produire l'une des scènes les plus mythiques du cinéma français. Les images datent de 1995, mais le "C'est à moi que tu parles, enculé ?" du comédien résonne encore fort dans nos mémoires. En pleine promotion de L'Empereur de Paris, l'interprète de VinZ raconte.
On va croire que ce n'est pas vrai
"L'histoire, c'est qu'on fait ce plan. À l'époque, on va croire que ce n'est pas vrai, mais je ne pensais pas à Robert De Niro en le faisant, raconte-t-il dans le grand entretien qu'il a accordé à Konbini. J'avais vu le film, je l'aimais beaucoup, mais dans le feu de l'action, je ne pensais pas à ce truc-là. Je pense que la scène est réussie d'une certaine manière à cause de ça. Parce que je n'imitais pas De Niro. C'est comme si c'était un mec qui avait vu De Niro, qui était extrêmement inspiré par lui, mais qui ne s'en souvenait même plus." En mimant cette scène de tir, il utilisait effectivement les mots écrits par Martin Scorsese pour Taxi Driver, en 1976. Difficile, pourtant, d'y voir autre chose que la performance de Vincent Cassel.
Il y avait comme un air d'improvisation ce jour-là. En bouclant le tournage, l'époux de Tina Kunakey a pourtant senti que quelque chose venait de se passer. "Il fallait trouver des trucs à faire et à dire, poursuit-il. Comme c'était technique et que le plan était plus long que ce qui était écrit, il fallait habiller. On a fait trois ou quatre prises, je m'éclate à la faire, je me suis vraiment marré. Et après ça, je vais voir Mathieu Kassovitz, je lui serre la main et je lui dit 'Merci. Celle-là, elle reste'. Dans les films, les moments où les gens sont seuls, c'est souvent des moments qui payent." Force est de constater qu'un sacré duo de cinéma est né de cette collaboration...