Si les princes William et Harry étaient à la noce, samedi 3 mai 2014 à Memphis, et ont pu s'éclater jusqu'au bout de la nuit en toute insouciance, d'autres protagonistes du mariage de Guy Pelly et Elizabeth Wilson, enfant du pays et héritière de l'empire hôtelier Holiday Inn, n'ont pas vraiment eu le loisir de profiter de l'ambiance. En fait, ils en étaient même un peu les garants : les gardes du corps.
Bientôt deux ans après avoir failli à leur mission, avec pertes et fracas, en ne prévenant pas le scandale de Las Vegas - "Dirty Harry", en voyage d'agrément entre amis dans le Nevada, s'était adonné à une partie de billard tout nu en charmante compagnie dans un resort prestigieux de la Ville du péché -, les agents au service de la couronne ont cette fois rempli leur mission.
Mais la liberté de mouvement des fils du prince Charles a un prix, qu'assume - bon gré, mal gré - le contribuable britannique : en l'occurrence 50 000 livres sterling (60 000 euros environ), pour ce séjour de quatre jours que pas moins de huit policiers membres de l'équipe de protection royale ont encadré - gardant un oeil également sur les princesses Beatrice et Eugenie d'York, également amies des jeunes mariés. Dans les pages du Daily Mail, le chroniqueur Peter McKay révèle le montant de l'addition à la charge des sujets de Sa Majesté, prétexte à une tribune où il s'interroge sur ce coût (et les autres dépenses somptuaires des jeunes altesses), se faisant tantôt la voix des partisans de la monarchie, tantôt celle de ses détracteurs. Et mettant le sujet en perspective avec la manière dont les Américains perçoivent la royauté.
Déjà sensible d'ordinaire, le sujet du financement de la protection des membres de la famille royale l'est d'autant plus qu'il s'agit en l'espèce d'un voyage privé, et non d'une visite officielle. Le tout sur fond de jet-set, puisque le marié, Guy Pelly, n'est autre que le grand pourvoyeur de divertissements des rich and famous - and royals, donc -, via les boîtes de nuit qu'il tient à Londres. Or, William et Harry ne se sont pas contentés d'un simple aller-retour discret dans le Tennessee : arrivés dès l'avant-veille de la noce, le 1er mai, ils ont commencé par sortir dîner dans un restaurant de la capitale du blues (le Rendezvous), avant de profiter le lendemain d'une excursion à Graceland, le fief du King Elvis Presley (où le convoi a dû se frayer un chemin parmi les nombreux fans présents, comme le montre notre vidéo), et du dîner de veille de mariage. Le jour J, avant la cérémonie, les convives savouraient un déjeuner bucolique au lac Monterey (lieu qu'il a bien fallu sécuriser également), à quelques kilomètres à l'est de la ville. "William est le futur roi, et son frère est 4e dans l'ordre de succession et sert dans l'armée, ce qui constitue malheureusement un risque majeur pour leur sécurité. Si on admet cela, alors on doit les protéger 24 heures par jour, laquelle s'applique aussi, par la force des choses, aux voyages tels que celui-ci", a analysé Dai Davies, ancien chef du service de sécurité de la famille royale.
Au rayon "économies", on se devra toutefois de noter que le jet privé utilisé par le prince Harry et un groupe d'amis du marié pour rallier Memphis le jeudi 1er mai, au lendemain de l'enterrement de vie de garçon au Fontainebleau Miami Beach, était aux frais de la princesse : c'est la mariée, Elizabeth Wilson, qui l'a fourni. Un pedigree qui, avec l'addition d'un quatuor royal parmi les convives, justifiait pleinement (ou pas ?) les hélicoptères envoyés par des chaînes de télévision pour couvrir l'événement. Il faut dire que, plus jeune, Lizzy Wilson avait régné sur Memphis : en 2003, elle avait été élue "reine Elizabeth - reine du Carnaval" de la ville.