Pour le prince Harry, il est l'heure de faire son paquetage et de rentrer au bercail, après une éprouvante mission de près de cinq mois en Afghanistan, détaché depuis septembre 2012 à Camp Bastion, dans la province du Helmand, là où son premier déploiement, fin 2008, avait été interrompu prématurément par la révélation dans les médias de sa présence au front.
Bye bye le quotidien spartiate et la vie de garnison, le fils cadet du prince Charles et de Lady Di, copilote-artilleur sur hélicoptère Apache connu comme le capitaine Wales au sein de l'escadron 662 du 3e régiment de l'Army Air Corps, fait actuellement escale pour quelques jours de répit sur la base britannique de Chypre, avant de regagner le Royaume-Uni et ses pénates du palais St James. Des pénates qu'il abandonnera pour emménager au printemps dans le Nottingham Cottage du palais de Kensington, qui sera laissé vacant par le duc et la duchesse de Cambridge lorsqu'ils prendront possession de l'appartement 1A et ses 21 pièces en cours de rénovation.
La mission du capitaine Harry de Galles achevée, l'armée et les services de la défense britanniques ont publié une grande quantité de photos du prince, prises au fil des jours durant sa mission. Manoeuvres militaires et immersion dans le quotidien d'un soldat parmi d'autres, comme il aime à se décrire, sont au programme.
C'est aussi l'occasion pour le prince Harry, 28 ans, de se confier sur ces derniers mois dans une interview exhaustive (extraits visibles dans notre player) qui passe en revue tant son expérience en Afghanistan, mais lui permet en outre d'évoquer la grossesse de sa belle-soeur Kate Middleton et sa joie de devenir tonton, ou même encore... le scandale de ses vacances à Las Vegas quelques mois plus tôt et les photos de lui nu qui ont fait surface, laçant la couronne dans une situation délicate.
"Au final, je me suis sans doute déçu moi-même à Las Vegas, j'ai déçu ma famille, j'ai déçu d'autres gens."
Pour la première fois, cinq mois après les faits qui se sont déroulés en août 2012 au Wynn Hotel de Las Vegas, où il était descendu avec une bande de copains et avait été immortalisé dans le plus simple appareil au cours d'une partie de strip-billard avec des filles levées au bar de l'établissement, "Dirty" Harry accepte de parler de cet épisode : "C'était sans doute un cas classique de moi plus en mode Armée qu'en mode prince, rien de plus", commente-t-il. Admettre ses écarts, oui, faire repentance, non : Harry reste droit dans ses bottes, dirty as usual. "Mon père est toujours en train d'essayer de me rappeler qui je suis, tout ça... Mais c'est très facile d'oublier qui je suis quand je suis avec l'Armée. Tout le monde porte le même uniforme et fait le même genre de choses (...) J'ai toujours eu pour devise "travaille beaucoup, joue beaucoup". J'aimerai toujours ce job, aussi longtemps que je pourrai le faire, et ensuite j'ai l'autre job [son rôle royal en tant que 3e dans l'ordre de succession au trône, NDLR] comme solution de repli (...) Certaines personnes me rappellent à l'ordre, "Souviens-toi de qui tu es, alors ne baisse pas tout le temps ta garde". Au final, je me suis sans doute déçu moi-même à Las Vegas, j'ai déçu ma famille, j'ai déçu d'autres gens. Mais j'étais dans un espace privé et il y a un degré d'intimité que chacun est en droit d'attendre. Quand je suis rentré, tous mes amis proches m'ont soutenu et ont été géniaux."
Après la diffusion par TMZ.com de photos prises dans la suite du Wynn Hotel par l'un des invités, le scandale était devenu mondial. Et même au Royaume-Uni, où les médias ont d'abord été réticents à l'idée de republier les images, le tabloïd The Sun passait outre les admonestations du palais royal en montrant en une le prince Harry nu comme un ver, tandis que l'épisode faisait débat, tant concernant la protection de la vie privée des royaux qu'au sujet du comportement de Harry et des manquements de ses agents de sécurité payés par le contribuable.
"J'ai été traité de manière inacceptable (...) On ne peut pas bouger le petit doigt sans être jugé, c'est la vie."
L'audace de The Sun, et des autres, Harry la condamne : "Oui, les gens ont peut-être regardé en se disant "il relâchait la pression, c'est compréhensible après tout, il s'apprêtait à partir pour l'Afghanistan". Mais bon, les journaux savaient que je partais pour l'Afghanistan de toute façon, et la manière dont ils m'ont traité, je ne crois pas que c'était acceptable."
Récemment désigné par le mensuel institutionnel américain Town & Country comme le célibataire le plus en vue, le prince Harry est visiblement opiniâtre sur la question de la séparation des genres entre vie publique et vie privée, et accuse les médias de nourrir sa légende de "bad boy", "depuis tout petit". Selon lui, seul un de ses trois "moi" existe médiatiquement, causant une perception erronée de qui il est et de ce qu'il fait : "Il y a trois "moi" : celui qui est dans l'armée, celui qui est en quelque sorte l'être social durant mon temps libre personnel, et celui avec la famille et les trucs comme ça. Personne, au pays, n'a à voir ce que je fais quand je travaille et il n'y a aucune raison que cela soit autrement. Du coup, à chaque fois qu'on me voit, on imagine que je passe mon temps à me promener par-ci par-là. Mon père me dit souvent "Ne lis pas ce qu'ils écrivent, ce sont des bêtises", mais je suis surpris de voir le nombre de gens en Grande-Bretagne qui les lisent. Et bien sûr, si on écrit quelque chose sur moi, je veux savoir de quoi il retourne... Je ne crois pas qu'il existe encore quelque chose qui s'apparente à la vie privée... Je ne vais pas m'asoir et me plaindre, mais il y a Internet, il y a Twitter. Tout le monde a un appareil photo sur son portable, de nos jours. On ne peut pas bouger le petit doigt sans être jugé, c'est la vie." Philosophe, mais agacé. Pourvu que les vacances à Chypre lui soient bénéfiques, car dans quelques jours, Harry sera de nouveau dans l'oeil des médias.